Charles Kieny : CrozPhonics

Charles Kieny : CrozPhonics

Ckraftprod / InOuïe

Charles Kieny est un accordéoniste français. Je l’ai découvert lors d’un disque de Fabrizio Cassol (« Requiem pour L »). Avec le groupe Ckraft (un mélange de jazz et de hard-rock) dont il est la tête pensante, sortait l’année dernière « Epic Discordant Vision », un album audacieux et novateur. J’eus l’occasion de voir Ckraft sur scène et de discuter quelque peu avec Charles Kieny. Il m’expliqua que Ckraft n’était pas son seul projet : il y avait « Beat Service », un duo (accordéon-batterie) ayant ses racines aussi bien dans la jungle, la techno que le jazz et « CrozPhonics », dans un schéma entièrement acoustique, accompagné de deux violoncellistes. Et voici que sort un mini-album (25 minutes) appelé justement « CrozPhonics », annonciateur d’un véritable disque prévu pour 2024. Ce projet a vu le jour il y a quelques années lors de master classes (qui se déroulaient à Villecroze, d’où le nom du groupe) animées par les accordéonistes Richard Galliano et Vincent Peirani et le violoncelliste Vincent Ségal. Aux côtés de Kieny, les violoncellistes Bruno Ducret (entendu chez Louis Sclavis ou Clément Janinet) et Sary Khalifé, de formation classique et participant à de nombreuses œuvres « world music », consolident ce côté acoustique. Comme dans les autres groupes de Kieny, on retrouve également dans cet album cette volonté de rencontres entre divers styles : ici, un jazz de chambre européen croise des musiques du monde classique (des touches de musique de la Renaissance ou baroque). Et, une nouvelle fois, cette espèce de fusion est une réussite tout au long de ce disque : des compositions (toutes écrites par Kieny) sensibles, lyriques, renforcées par cette association accordéon-violoncelles, d’une grande beauté et qui paraît des plus naturelles. Un disque des plus agréables, accessible, qui fera le bonheur autant des amateurs de jazz que de musique classique.

Sergio Liberati