Charlotte Greve / Wood River & Cantus Domus : Sediments We Move

Charlotte Greve / Wood River & Cantus Domus : Sediments We Move

New Amsterdam

Étrangement, le nom de Charlotte Greve, pourtant récompensée de prix dans le domaine du jazz, n’apparaît ni sur le recto ni sur le verso de la pochette. Mais le communiqué de presse lui attribue bien cet album, contrairement au contenant sur lequel figurent les noms de « Wood River & Cantus Domus » en plus du titre général. Pour faire bref, Wood River est le nom du groupe dans lequel la compositrice allemande, mais résidant à Brooklyn, officie en tant que chanteuse, saxophoniste et claviériste. Elle y est secondée d’un guitariste, d’un bassiste et d’un batteur. Sur les sept titres, nommés « Part I » à « Part VI » (plus un interlude), le groupe est accompagné par le chœur berlinois Cantus Domus, un ensemble de 26 chanteurs comprenant des basses, des ténors, des altos et des sopranos et dont les voix vont dominer de nombreux titres. C’est donc bien l’union de deux entités distinctes qui officie ici.

La musique, entièrement composée par Charlotte Greve, s’apparente à cette classification de genre nommée « classique ambient contemporain ». J’ai bien dit « s’apparente », car à la base, il y a un quatuor qualifié d’indie art rock aux accointances jazz ! Mais l’importance prise par les voix dans ces compositions nous rapproche plus d’ambiances pastorales, monastiques, sereines. Néanmoins quelques singuliers moments évoquent le milieu jazzy grâce à la guitare et le saxophone (« Part II »). Cette même guitare se fixant aussi dans le noisy (« Part IV ») ou le rock progressif imposant (« Part VI »). Et partout, cette batterie qui martèle et qui, jointe aux voix, apporte des sonorités gothiques. Vraiment un univers versatile, inclassable, aux frontières de tant de choses ! Mais il leur sera bien difficile de se faire accepter par tous les publics, tant les œuvres proposées ici s’approchent majoritairement de la musique de transition fluide et chorale, sans renier qu’un groupe art rock est à la base du tout. Les curieux se doivent de tendre l’oreille vers cet album, certes ambitieux et défricheur mais aussi intellectuel et dont l’approche nécessite certains efforts. A découvrir, à disséquer, par de petites approches. Et comme c’est un casse-tête d’en parler, c’est qu’ils sont parvenus à leurs fins !

Claudy Jalet