Chorusing : Half Mirror
D’emblée, Matthew O’Connell (l’homme orchestre qui se cache sous l’alias Chorusing) nous avertit : « Je patauge… », répété trois fois,… « Je patauge dans le froid. » Ce qui pourrait être une allusion à l’état de bien-être que l’on ressentirait juste avant de mourir de froid (mieux vaut cependant de ne pas tenter l’expérience). De quiétude et de bien-être, autant le dire, il en sera question tout au long des huit chansons (une grosse demi-heure chrono) de ce « Half Mirror » qui ouvre la discographie de cet homme vivant reclus dans les Montagnes de la Caroline du Nord (le Murat local ?). Un garçon que son entourage a probablement considéré comme un aliéné extra-terrestre. Féru de mathématiques (il a même participé à un long programme d’études intensif en Hongrie…) et épris d’ingénierie électronique, il passe ses nuits adolescentes à construire des synthétiseurs analogiques (qu’il nomme « Balsam ») et les bouts de mélodies qui forment l’ossature de ce disque édité dix ans plus tard.
Passionné également de métal et de musique punk qu’il a servis en qualité de batteur, ce personnage décidément atypique nous propose ici huit chansons, minimalistes dans leur construction mais certainement pas dans l’intensité. Une voix (magnifique), des textes troublants (il est régulièrement question d’angoisses), son synthétiseur auto-conçu (discret), une guitare et quelques effets : il n’en faudra guère plus pour nous envelopper dans l’atmosphère pesante et néanmoins douce de sa musique, le fruit de son travail solitaire et obsessionnel.
Comme Matthew O’Connell le prétend lui-même, « Half Mirror » est un album de « folk confessionnel », un appel à l’épure (il cite John Martyn et Mark Hollis… belles références !), y compris dans ses moments les plus electro (« Watching the Beams »). Un coup de cœur en ce qui me concerne.