
Christophe Bailleau : Insight And Vision
Artiste multi-facettes, on peut vous assurer que Christophe s’intéresse à tous les arts. Il en pratique de nombreuses facettes : musiques, vidéos, photos, écritures, peintures, installations…. C’est son pan musical qui nous concerne et là, il est parfois difficile de le suivre tant ses productions s’enchaînent. En CD, en digital, en cassette, sur le net, en collaborations. Toujours en quête de recherches, de créations, d’expérimentations. Notre regretté collaborateur Philippe Franck devait vous chroniquer et vous dire tout le bien qu’il pensait d’un précédent cd publié il y a quelques mois sous cette appellation « Christophe Bailleau & Julien Ash feat. Jordane Prestrot : Ekitai-On-Keiho ». Sous une superbe pochette, ils nous proposent un mix de landscape music, de drones, d’électroniques, de bruitages, de programmations avec les interventions bénéfiques d’un saxophone alto, d’une flûte traversière, quelques ambiances vaporeuses, sans oublier des passages noisy à plusieurs reprises. Un album que je voulais vous présenter brièvement, il est trop bon que pour rester sans écho.
Quant à celui qui nous intéresse ici, il est publié sur un label bulgare et il clôt une trilogie (il est sous-titré « Major Detachment Part 3 »), commencée en 2022. Elle est consacrée à l’autisme et à la créativité et se veut, selon l’auteur, comme la présentation de quelques cadeaux, imaginaires, délicats et parfois brutaux. J’y ai entendu et ressenti des bruitages, comme des martèlements, des percussions saccadées, qui m’ont brièvement fait penser à Fad Gadget (le fameux « Collapsing New People »), aux rythmiques crues d’Einsturzende Neubauten. Et sont-ils comme une douleur, une émotion ressentie face à l’autisme ? C’est juste mon impression. J’essaye de comprendre la relation autisme / musique et là, je vois Christophe. Retour à la musique et à ces rythmiques, comme des roulements parfois, diversifiées, étonnantes. Elles font partie des recherches sonores tout comme celle sur une voix féminine. Il y a des interventions d’instruments acoustiques, des « conversations » entre entités spatiales, en vue d’une rencontre (j’ai pensé à Snowdrops) ? Quelques invités issus de la sphère proche sont présents : Julien Ash, A Limb, Paradise Now… Christophe crée le tout et parvient à maintenir une unité à sa musique même en proposant du classique contemporain, en incluant une pincée orientale, du space trip angoissant, des bruitages électros comme des coups de tonnerre, d’éclairs fulgurants diffusés dans une grotte ou une forge. Sans oublier la finale assez sombre. Mais face à cette musique, qui ose beaucoup, chacun aura ses propres ressentis. Dernière perception : Christophe n’étire pas inutilement ses compositions, de ce fait, il maintient l’intérêt tout au long des dix plages et des 40 minutes de l’album. Si ce n’est déjà fait, intéressez-vous à cet éternel défricheur, il a tellement de belles et inattendues choses à vous faire écouter.