Chromb ! : Cinq
Encore un de ces groupes et albums incroyables qui nous arrivent de France. Chromb ! est composé de quatre musiciens bidouilleurs et créatifs qui se partagent un saxophone, deux synthétiseurs, une batterie et une basse. Et ils chantent tous. Chantent oui, mais parfois ils crient, éructent, déclament ou hurlent (« Pauvre brobre »). En soutien sonore, ils nous jouent une musique pratiquement inclassable : de la pop enfantine perturbante (« Fredilippe » en intro), du rock déglingué, du jazz brillant et bruyant (redoutable prestation du saxophoniste sur « Le Prince »), des nappes de synthés oscillant entre le légèrement planant et la noise et des rythmiques toujours étonnantes, souvent hachurées. Et presque toujours avec des appels vers des danses saccadées, hypnotiques, convulsives. Une frénésie totale si vous aimez être chamboulé, retourné, éjecté de vos pensées ! Chromb ne peut être résumé ni aisément comparé. On y détecte cependant des bribes d’Aksak Maboul (« La cérémonie »), de Gablé, de John Zorn, du Sttellla d’il y a vingt ans, de Devo (« Roupoutoum contre Roupoutoum »), de DAF mais finalement, Chromb ! fait du Chromb ! Une musique de bruits, de mélodies, de sucreries et de vacarmes intrigants, une musique imprévisible qui ira même jusqu’à nous perturber avec ces chansons aux séquences doucereuses, sortes de comptines aux textes surréalistes, improbables (comme sur la plage finale « Et des couteaux »). À ne pas mettre entre toutes les mains ! Mais dans les miennes, ça passe à merveille ! Tout comme dans mes oreilles ! Un grandiose délire compulsif.