Circé : Alcali

Circé : Alcali

Capsul Records / L’Autre Distribution

Basé à Tours, Circé est un quintet composé de deux guitaristes (Arthur Delaleu, également compositeur, et Alix Beucher), une saxophoniste (Léa Ciechelski), un contrebassiste (Nicolas Zentz) et un batteur (Florentin Hay). Réalisé en partie grâce à un financement participatif, leur premier album « Alcali » rassemble 12 titres (dont trois avec un second saxophoniste : Paul Cadier) qui révèlent une musique aérienne, impressionniste et propice au rêve.

Au fil des plages, la limpidité mélodique de la musique associée à une sorte de lâcher-prise laisse une impression d’apesanteur. Les deux guitaristes tricotent des harmonies raffinées sur lesquelles erre la saxophoniste, elle aussi portée par les ailes de la mélancolie. On pense évidemment à certaines ambiances du label munichois ECM et en particulier à l’esthétique propre au jazz scandinave fondée sur le lyrisme, l’espace, le flottement … et une petite dose de réverbération. Des noms comme celui de Jakob Bro viennent à l’esprit, une référence d’ailleurs citée par le groupe dans le dossier de presse au même titre que Paul Motian (récoutez « Georgian Bay » sur son premier album « Conception Vessel » avec le guitariste Sam Brown).

Certains morceaux ont un côté folk d’origine imprécise, mais la plupart sont auréolés d’une lumière diaphane. Le disque est très homogène, les plages naviguant toutes au milieu des nuages qui laissent apercevoir dans les trouées des paysages figés pouvant aussi bien être des fjords gelés que des déserts torrides. J’aime tout particulièrement quand les deux saxophones sont présents, qu’ils jouent à l’unisson ou en contrepoint, comme sur la très belle plage en ouverture du répertoire (« Ifs »).

« Alcali » offre une musique mélodique, subtile, envoûtante et onirique qu’on reçoit avec délectation, un peu comme une douce brise brumeuse qui surgirait par miracle dans la moiteur de l’été.

Pierre Dulieu