Ckraft : Epic discordant vision
Ckraft est un groupe français. Il nous présente son premier album. Cela commence avec un saxophone ténor et un accordéon. On s’attend à de gracieuses et chaleureuses ambiances… Très vite, le saxophone se fait menaçant… Puis arrive une véritable tornade : une guitare, une basse et une batterie qui développent un son puissant, un jeu foudroyant, bruyant, digne d’une formation de hard-rock (soyons plus précis : de thrash metal, musique rapide et agressive). Ckraft cite parmi ses influences les groupes Meshuggah et Gojira, deux des principaux représentants de ce sous-genre. Les dix compositions de cet album nous proposent ce même schéma. Si l’écoute du disque est distraite, on peut vite arrêter les frais et se dire qu’il y a eu erreur : on a pris JazzMania pour un site hard-rock… Mais… Une écoute un tant soit peu plus attentive nous permet de découvrir une forme de fusion novatrice, que l’on peut nommer jazz metal, entre des éléments de musique thrash metal envoyant des rafales de sons lourds (le guitariste Antoine Morisot, le bassiste Marc Karapetian et le batteur William Bur) et un jazz qui peut être free par moments (le saxophoniste Théo Nguyen Duc Long). L’initiateur du projet et unique compositeur, l’accordéoniste Charles Kieny (entendu auprès de Marcel Azzola ou encore Fabrizio Cassol) apporte des sonorités plus chaudes avec son accordéon augmenté (instrument équipé de capteurs électroniques qui transforment les sonorités de l’accordéon : on croit, très souvent, entendre un clavier ou un synthétiseur).
Les amateurs d’expérimentations et de transgressions musicales devraient apprécier (je pense à des musiciens comme John Zorn ou Thurston Moore). A déconseiller fortement auprès des tenants d’un jazz plus traditionnel.