
Ckraft : Uncommon Grounds
En 2022, la sortie du premier album de Ckraft (« Epic Discordant Vision ») avait fortement impressionné vu l’audace de ce groupe français « osant » fusionner du jazz à du thrash metal, cette musique rapide et agressive avec, comme références, les groupes Gojira et Meshuggah. Et c’était un bonheur. A la tête de Ckraft, on retrouve l’accordéoniste Charles Kiény (qui joue en fait de l’accordéon augmenté, instrument équipé de capteurs électroniques, ce qui lui permet de transformer les sons), également producteur et compositeur de quasi tout le répertoire. Rappelons que l’année passée, il nous fit découvrir son autre projet, complètement différent et tout aussi intéressant, le trio CrozPhonics où, accompagné de deux violoncellistes, il proposait une musique acoustique, un jazz de chambre européen avec des influences classiques. Mais revenons à Ckraft et à leur deuxième album. La composition du groupe n’a pas évolué : Charles Kiény est toujours entouré de Théo Nguyen Duc Long au saxophone ténor, d’Antoine Morisot à la guitare, de Marc Karapetian à la basse et de William Bür à la batterie. Est-ce parce que l’on connaît déjà le groupe et que l’effet de surprise est forcément moindre, mais on sent chez Ckraft une volonté de chercher à innover. Sans pour autant renier cette pulsion robuste et ces riffs ravageurs. Il y a des passages « prog » qui viennent se cogner à une rythmique d’enfer dans « Bring Forth the Imperial Ghost » ou dans « Misconstruction of the Universe » (par moments, on peut penser à King Crimson) et l’introduction à l’accordéon de « Nostre » a un petit côté moyenâgeux. Bref, Ckraft a récidivé : il continue à oser et à innover. Il se permet des métissages risqués musicalement (jazz et métal) et entre les instruments (l’accordéon et la guitare électrique). Et c’est à nouveau une spectaculaire réussite.