Clément Oury : La tête dans le mur
Après diverses études dans des Conservatoires français où il pratique le tuba mais s’épanouit en analyse, harmonie, musique de chambre, prise de son et orchestre, Clément Oury entre dans la prestigieuse « Universitat der Kunste » de Berlin où il obtient un premier prix. Il intègre ensuite l’Orchestre Philharmonique de l’Oise et se diversifie encore en partant en tournée avec Shantel & Bucovina Club. Il enregistre ensuite des musiques de films, notamment pour Tony Gatlif. On le retrouve aussi au sein de Soviet Suprem et récemment dans un projet plus électronique, Mezerg Orchestar. C’est vous dire la diversité de ses collaborations ! Ce multi-instrumentiste qu’aucun style musical ne semble rebuter, va aussi proposer ses talents en studio et sur scène au service de The Do, Yael Naïm et Emily Loizeau. Jusqu’au moment où il décide d’utiliser toutes ces expériences au service d’un album solo (disponible en téléchargement ou en vinyle). De ce long parcours très diversifié, on peut dire qu’il va influencer la musique de ce premier effort relativement singulier qui semble faire la synthèse de ces années au service d’autres. Il inclut aussi bien de la musique du monde (essentiellement des sonorités qui évoquent la Grèce et les Balkan), du classique, du contemporain, de l’électronique. Et tout cela d’une manière douce, très mélodique sous forme de déploiements soyeux qui ne s’éternisent pas inutilement. La plupart des douze titres sont développés entre deux ou quatre minutes. Clément Oury compose des instrumentaux qui évoquent des scènes de films, envoient des images de pas de danse d’opéra classique ou de ballet contemporain. On visualise des danses paysannes de pays de l’Est. Notre imaginaire est bien sollicité par cette intrigante musique. Qui passe de Prokofiev à Emir Kusturica en saluant Wim Mertens au détour de brefs moments dodécaphoniques. Sans oublier la présence d’ustensiles de cuisine (« Valse de cuisine »). Geoffrey Burton est aussi dans mes pensées avec ces bruitages métronomiques ! Mais tous ces noms, je ne les utilise que pour vous donner une vague idée de la richesse, de la curiosité, de la beauté, de l’étrangeté qui se dégage de cet album. Superbes exemples pour vous titiller : « Etoile d’araignée », « Les boucles de Lila », « Miniball Brass Duo » … Que votre curiosité fasse le reste et vous permette de découvrir le beau et subtil travail de cet orfèvre des sons.
Claudy Jalet