Crystal Thomas : Now Dig This
Dialtone ‐ Références catalogue : LP DT 1002
Tous les amateurs de blues l’auront constaté, les décès de bluesmen/women l’emportent sur l’émergence de nouveaux talents dans ce domaine. D’autant plus que les jeunes musiciens noirs se tournent, au moins en partie, plutôt vers des formes musicales modernes comme la soul, le rap, les fusions, qui leur ouvrent les bras et les portes des studios d’enregistrement. Il n’y a pas encore péril en la demeure mais les temps changent : « the blues will never die ? ». Espérons-le mais il prend des formes qui ne plaisent pas à tous les adeptes. C’est d’autant plus remarquable de découvrir une chanteuse exceptionnelle en la personne de Chrystal Thomas, par ailleurs tromboniste, même si elle aussi cède parfois aux sirènes de la soul et du rap. Mais c’est le blues qui domine dans son nouvel album. Elle est née à Shreveport en Louisiane en mai 1977, mais a grandi à Mainsfield non loin de là, où elle vit encore avec son grand père. Elle a chanté dans son église baptiste et sa scolarité a été exemplaire. A l’école secondaire, elle a appris à jouer du trombone. Elle en est sortie graduée en 1995 et a poursuivi ses études au College de la Jackson State University où elle a appris à écrire et à lire la musique, avant de décrocher plusieurs diplômes dans son domaine. En mars 2000, Johnnie Taylor, une star internationale du soul / blues l’invite à Houston pour jouer du trombone dans son band. Elle convient parfaitement, d’autant plus que Taylor découvre aussi ses talents de chanteuse qu’il comptait bien utiliser… mais, patatras, il décède en juin et le projet tombe à l’eau. Crystal n’en reste pas là, elle enregistre une démo dans un studio de Shreveport et décroche un poste dans le band du saxophoniste Floyd Grisby. Elle y restera près de 15 ans. Elle poursuit de petit boulot en petit boulot avant de graver, en 2016, un premier album « Lyrical Gumbo-The Essence of Blues » pour Jones Boy Entertainment, suivi en 2018 de «Drink of My Love». Entre-temps, en 2017, elle signe chez Dialtone Records et c’est parti pour la gloire ! Un groupe de saxophonistes japonais participant au Eastside Kings Festival de Austin, Texas en 2018, obtient d’Eddie Stout, un des organisateurs du festival et le boss de Dialtone Records, une commande pour graver un album avec un panel de chanteuses locales….dont Crystal ! L’album a cartonné (1) et Stout a remis le couvert avec Crystal, accompagnée par Stevie Fulton et The Eastside Kings pour un single (2) puis, dans la foulée, avec le regretté Lucky Peterson, Chuck Rainey, les frères Johnny et Jason Moeller ainsi que des guests, pour un album vinyle (3) produit à la demande d’une compagnie japonaise et dont les 10 titres font partie d’un CD de 15 titres (4). La saga ne s’arrête pas là puisque cette séance est aussi à l’origine de ce nouveau CD de 10 faces intitulé «Now Dig This», avec des faces « japonaises » et d’autres inédites, comme ce superbe « Ghost of Myself ». La reprise du « One Good Man » (Janis Joplin) est aussi un haut lieu de la séance, tout comme « No Cure for the Blues » et « The Blues Ain’t Nothing But Some Pain ». A 44 ans, Crystal a une solide réputation « old school ». Elle travaille à plein temps dans la musique, écrit, compose, chante et utilise son trombone sans parcimonie. Elle peut diriger un band, sa discographie est étoffée et elle a déjà fait des tournées hors USA (Japon et Hong Kong en décembre 2018). Avant la pandémie de Covid 19, elle avait beaucoup d’engagements dans son Etat, la Louisiane mais aussi dans les Etats voisins, Texas, Mississippi et même Géorgie… Mais cela repartira de plus belle sous peu… Il y a des projets concrets de participation au Festival de Lucerne en novembre 2021. Il faudra compter avec elle à l’avenir.
(1) « Bloodest Saxophone ‐ Texas Queens 5 » (2018) avec Diunna Greenleaf, Jay Malano, Lauren Cervantes, Angela Miller et Crystal Thomas. Références catalogue Dialtone VT DT 0030/ Vizztone
(2) 45 t. Dialtone : « They Call me Crystal » / « Woman Don’t Lie »
(3) « It’s the Blues Funk », Références catalogue P-Vine PLP-6960
(4) « Dont Worry About the Blues», Références catalogue Mr. Daddy-O Records/Space-021
Robert Sacre