Daniel Stokart 4tet : Tango sur le Nil

Daniel Stokart 4tet : Tango sur le Nil

Mogno

Daniel Stokart appartient à cette génération de musiciens de jazz belges qui, au cours de la dernière décennie, ont été relégués au second plan par de nombreux médias et organisateurs. Heureusement, certains continuent de croire en leur talent et leur professionnalisme. Parmi eux, le label Mogno, qui sort un tout nouvel album du saxophoniste et flûtiste.

Daniel Stokaert n’a jamais été quelqu’un qui s’est vraiment mis en avant en tant que leader de groupe. Il était et reste cependant le sidekick rêvé. Pensons notamment à Combo Belge, H Septet, Musique à neuf ou encore au Peter Hertmans Quartet. De plus, il a composé pour d’autres, comme le Jazz Station Big Band ou, plus récemment, Kaléïdoscope, un groupe avec saxophone soprano et cordes.

Pour « Tango sur le Nil », Stokart s’entoure d’une troupe haute en couleur, à savoir le pianiste Martin Salemi, le contrebassiste Manolo Cabras et le batteur João Lobo. Bref, un quatuor composé de musiciens de tranches d’âge différentes, mais dont chacun est animé d’une motivation incessante à explorer des chemins inconnus.

Stokart a écrit tout le matériau avec comme point d’ancrage l’utilisation du contrepoint, le sens de la mélodie et beaucoup d’espace pour l’improvisation. Avec Cabras et Lobo, c’est bon à prendre.

Le morceau d’ouverture « Au bord de l’eau » donne immédiatement le ton en faisant référence au titre de l’album. Un lyrisme légèrement ondulant avec des détails de chacun et où tout se fond harmonieusement. Ce scénario est habilement développé dans les huit morceaux et complété par des annotations supplémentaires, avec ou sans une touche bluesy comme dans « Blues pour la fin des taons ». Dans la chanson titre, ils s’aventurent dans de petites secousses sismographiques. Une approche qui devient encore plus extrême dans « Sus4b9 » (!) et qui est directement liée à l’accord en question. Des nuances légèrement orientales et des idiomes folk apparaissent respectivement dans « Les angoisses de Mowgli » et « I love Ductar and Hulusi ». « Les flocons » résume tout ce qui précède.

L’ensemble s’achève finalement avec le très approprié « Endormissement », dans lequel João Lobo apporte encore un peu une contribution supplémentaire.

« Tango sur le Nil ne va pas changer le cours de l’histoire du jazz (belge), pas plus d’ailleurs que les albums des nombreux jeunes groupes branchés qui sont trop encensés. Le quatuor prouve que celui qui honore de manière juste les principes de base définis du jazz, peut produire des œuvres intéressantes. Merci Daniel Stokart et Mogno.

Une collaboration Jazz’halo / JazzMania

Georges Tonla Briquet – Traduction libre : Luc Utluk