Daniele Cavallanti & The Songlines Band : The Dreamtime

Daniele Cavallanti & The Songlines Band : The Dreamtime

Felmay / Xango Music Distribution

Dès que l’on évoque le nom du saxophoniste ténor italien Daniele Cavallanti, on ne peut s’empêcher de penser au groupe mythique Nexus qu’il codirige depuis plus de 40 ans avec le batteur Tiziano Tononi (présent sur ce disque) ou encore au big band avant-gardiste l’Italian Instabile Orchestra dont il fut un des fondateurs. Avec ces deux formations iconoclastes, Cavallanti a flirté avec un jazz très libre, évoluant constamment et en ne s’enfermant jamais dans un certain moule. Parallèlement à ces groupes, Cavallanti (aussi bien que Tononi) a développé de nombreux projets en solo, comme ce « The Dreamtime ». Pour ce disque, Cavallanti s’est entouré d’un band au line-up assez inhabituel : outre Cavallanti et Tononi, on y retrouve Roberto Ottaviano (sax soprano), les trombonistes Alessandro Castelli et Tony Cattano et les bassistes Roberto Frassini Moneta et Andrea Grossi, soit deux saxophones, deux trombones, deux contrebasses et une batterie. Les quatre longues (entre 6 et 17 minutes) compositions de Cavallanti sont chacune dédiées soit à un écrivain (Bruce Chatwin) soit à des musiciens (Pharoah Sanders, le contrebassiste sud-africain Johnny Dyani et son compatriote saxophoniste Sean Bergin), avec une influence fréquente de leur musique dans la composition interprétée : par exemple, « Mbizo », dédié à Johnny Dyani, nous fait ressentir l’ambiance et les rythmes des townships sud-africains. La dernière composition « The Stalking Moon » a été écrite par Tiziano Tononi. Divisée en trois parties, elle se développe sur quasi vingt minutes, avec des moments de joyeuse cacophonie organisée avec une ambiance générale qui tire vers le blues (une constante sur l’album), avec des riffs de cuivres très décidés.

Voici donc le énième album du maintenant septuagénaire Daniele Cavallanti qui propose une musique (en solo ou en groupe) qui donne l’impression de n’avoir jamais été entendue auparavant et qui ne permet pas de le confiner dans un style bien précis. C’est rare.

Sergio Liberati