Dave Burrell : Harlem Rhapsody
Parco Della Musica Records / Xango
Le nom de Dave Burrell (à ne pas confondre avec le Kenny du même patronyme) n’est revenu qu’incidemment dans nos pages. Et pourtant, à 83 ans, le pianiste américain peut regarder sa carrière dans le rétroviseur du temps avec fierté tant elle est emplie de rencontres et de réalisations fécondes. Jugez plutôt : Archie Shepp, David Murray, Pharoah Sanders, Marion Brown pour les plus soutenues. Silke Eberhard, Margy Pargy, Odean Pope, Billy Martin et bien d’autres encore pour les épisodiques. On retient surtout son adaptation opératique de « La Vie de Bohème » sur Puccini sorti à l’extrême fin des années 60. Il poussera cette expérience plus loin en composant, en 1978, un opéra jazz « Windward Passages » avec la lyriciste Monika Larsson, laquelle est aussi son épouse. « Harlem Rhapsody » ne constitue pas à proprement parler une rhapsodie. Enregistré à Rome, la seconde partie de Burrell, l’album regroupe six compositions. Il s’ouvre sur « Red Summer March », une pièce d’une grosse vingtaine de minutes qui résume à elle seule sa démarche musicale. Son jeu habile, non formaté, nous fait passer d’une atmosphère à une autre sans crier gare avec une « déconcertance » époustouflante. Des passages mélancoliques alternent à des attaques allègres qui font place à leur tour à des airs enjoués. La plage éponyme évoque, telle une madeleine proustienne, l’âge d’or du faubourg new-yorkais, sublimation d’un microcosme musical qui ne cesse de mourir pour mieux renaître. En clôture, « Dancing With Monika » se veut, de toute évidence, un hommage subtil et tournoyant à l’adresse de sa bien-aimée. Peut-être après tout s’agit-il bien d’une rhapsodie…