David Honeyboy Edwards : 28 juin 1915 – 29 août 2011.

LA DISPARITION D’UNE ICÔNE DU BLUES

(C) Robert Sacré

 

David Edwards vient de mourir d’insuffisance cardiaque dans son appartement du South Shore à Chicago, il avait 96 ans et était le dernier témoin d’une époque révolue. Contemporain de Charley Patton, Robert Johnson et autres grands noms du blues rural de la première époque, dans tout le Deep South, il avait connu la vie dangereuse des musiciens noirs itinérants dans un Sud raciste et ségrégationniste, ainsi que les terribles inondations de la vallée du Mississippi en 1927 et la Dépression de 1929. Il avait vécu toute l’évolution du blues, avait su s’adapter aux changements de modes, trouver sa place dans le blues moderne (et électrique) d’après 1945. Il s’était installé à Chicago en 1953, n’avait cessé depuis lors de sillonner les États-Unis et le monde entier (1). En juin 2011 il était encore programmé au Chicago Blues Festival, dans des clubs, mais il avait dû déclarer forfait. Sa discographie est impressionnante. Il était ainsi titulaire de nombreux prix et distinctions bien mérités . En 1997, il avait raconté son odyssée à son ami, partenaire et manager, Michael Robert Frank, ainsi qu’à Janis Martinson, qui l’avaient aidé dans l’écriture de son autobiographie : « The World Don’t Owe Me Nothing » (The Life and Times of Delta Bluesman Honeyboy Edwards, Chicago Review Press Inc.). Honeyboy avait une personnalité fort attachante, perpétuellement de bonne humeur, toujours prêt à faire la fête, à répondre aux journalistes comme aux fans ! Satisfait de sa vie et de son sort (cf. le titre de sa biographie), il était aussi un intarissable raconteur d’histoires et d’anecdotes fascinantes. Son décès marque la fin d’une époque et laisse un grand vide. Il me manque déjà .

(*) En Octobre 2006, il s’était produit au Spirit of 66 à Verviers, en duo avec Michael Franck à l’harmonica (photo) .

Robert Sacré