David Linx : Real Men Cry

David Linx : Real Men Cry

Cristal Records / L’autre distribution

La sortie d’un album de David Linx est toujours un événement. Celui-ci (vingt-troisième (?) ou vingt-quatrième (?) en tant que leader – et on ne compte plus ses pléthoriques collaborations avec de nombreux artistes à travers le monde) célèbre, en quelque sorte, ses soixante ans. Toutefois, loin de l’envie de se retourner sur son passé, David Linx se projette tant et plus vers demain. Avec « Real Men Cry », il reconduit la magnifique équipe de « Skin In The Game » (Grégory Privat (p), Chris Jennings (cb), Arnaud Dolmen (dm)), et y invite en plus le trompettiste Hermon Mehari. Cet album témoigne et avoue, plus que jamais, la délicatesse des sentiments pour faire des échecs, des combats, des tristesses, des souhaits et des faiblesses, une force revitalisante. Résolument optimiste (comme un besoin d’antidote à ce monde en perte de repères) et sans être candide pour autant, ce nouvel opus met l’homme (l’humain) au centre d’un univers qu’il a façonné (au risque de l’avoir trop souvent défiguré). Tout comme sur le titre éponyme qui ouvre l’album, le chanteur, dans son style inimitable, allie fougue et fluidité tout au long des 12 titres (tous de sa plume) et délivre des messages sincères et engagés avec autant d’audace que de poésie.

Ce « Brooklyn », par exemple, hommage parallèle à la fille d’un ami et au borough new-yorkais, prouve qu’il est encore possible de chanter des ballades sans être mièvre et qui vous serrent le cœur (on pense à « I’m In A New York State Of Mind » de Billy Joël traversé par l’esprit d’Ella Fitzgerald de « Manhattan »). Ce poignant « It Ain’t Over Till It’s Done » en duo avec le magicien éblouissant Gregory Privat (c’est à pleurer avec le sourire aux lèvres). Ce virevoltant « Chorinho para um novo dia », ce stimulant « Stay In The Light » (inspiré des conseils de la mère de James Baldwin à qui il rend hommage aussi sur « You’ll Always Be Tomorrow »). Ce « Revolution Chant » enlevé, ce « This Saturday Song » sentimental, ce « The Growing Stone » subtilement mélancolique…

Hermon Mehari apporte un contrepoint rassurant aux envolées inspirées de Privat et toutes les hardiesses vocales de Linx. Écoutez son souffle large, plutôt que puissant, d’une pureté et d’une profondeur incroyable sur « Breathing Out For The First Time », entre autres, mais au travers de tout l’album, bien sûr.

Ce quintette est au sommet de son art. Ce disque est indispensable.

« Real Men Cry », so do I.

En concert à la Jazz Station, Bruxelles, le 22 mars dans le cadre du River Jazz Festival.

David Linx en interview dans JazzMania ce mercredi 19 mars.

Jacques Prouvost