Dettmar Quartet : Escales
Musique et équilibre / Inouïe Distribution
Doté d’une formation et d’une expérience en musique classique, Guillaume Dettmar s’est par la suite tourné vers les musiques méditerranéennes et klezmer (musique instrumentale de fête juive). Toutefois, son album « Escales » élargit quelque peu la palette de ses intérêts en y intégrant les improvisations du jazz. Dans cette perspective, Guillaume a constitué un quartet avec des musiciens issus du jazz : le pianiste Alexandre Jouravsky, le contrebassiste Bernard Cochin et le batteur François Laizeau.
Pour autant, les compositions restent fortement imprégnées des couleurs de la musique « world », le folklore juif et les tourneries « maghrébines ou moyen-orientales » étant ici prétexte à des improvisations modales où les quarts de tons ne sont pas absents et dans lesquelles le violoniste s’approprie la part du lion. Ceux qui apprécient Ibrahim Maalouf ou Dhafer Youssef, voire Avishai Cohen période « Adama », écouteront avec grand plaisir des morceaux comme « Algeciras », « Danse » ou « Dream ». Avec des mélodies aux accents volontiers mélancoliques, cette musique incite à un voyage décontracté autour d’une mer méditerranée pacifiée et emprunte de spiritualité. Le quartet affiche une belle cohésion et le jazz naît autant des interactions entre les musiciens que des improvisations limpides du violoniste qui a parfois recours à des effets électroniques procurant un côté légèrement fusionnel à ses explorations sonores.
L’album comprend aussi deux chansons. La première, « Hasahmaïm Bakhou Bishvili », est interprétée par Guillaume en hébreu, tandis que la seconde, « Lamma Bada Yatathana », est le mouachah le plus célèbre du monde arabe, un poème dont le genre fut créé en Al-Andalus, dans l’Espagne médiévale musulmane. Ces deux titres trouvent parfaitement leur place dans un répertoire ouvert sur les diverses cultures qui ont fleuri à des époques différentes autour de la Grande Bleue.