Donder & Apeland : Het Verdriet
Lorsque l’on a découvert le trio Donder il y a presque cinq ans, on se doutait peu à l’époque que ces jeunes gamins (vingt-sept ans aujourd’hui) deviendraient aussi rapidement l’un des fleurons du jazz flamand. Pourtant, on peut affirmer que jamais ils ne se sont éloignés de leurs principes : la découverte, la recherche, l’échange. Aucune concession. Depuis « Still », magnifique hymne au swing vaporeux, on a connu autant de Donder que de projets enregistrés. N’hésitant pas à abandonner les harmonies dans leurs recherches (« Donder », 2018, avec le souffleur danois Lars Greve) ou à détourner les instruments de leurs objectifs (la contrebasse et la batterie utilisées davantage pour leur sonorité que pour le rythme), les trois garçons ont perdu en accessibilité ce qu’ils gagnaient en maturité. « Het Verdriet » (la tristesse…) engage le trio sur une nouvelle voie. Celle du folklore nord-européen (flamand et néerlandais en particulier) que le piano de Harrison Steingueldoir interprète avec l’appui de l’harmonium de Sigbjorn Apeland (en parfaite communion), des cordes froissées de la contrebasse (Stan Callewaert) et des caresses de peaux (Casper Van De Velde). En toile de fond, il y a la mélodie qui ressurgit du passé, triste en effet, et belle. Que le trio augmenté revisite avec audace et respect. Plusieurs écoutes seront nécessaires pour s’immerger dans cet univers-là… « Het Verdriet » le mérite. On ne remonte pas le passé aussi rapidement qu’on dévale la pente d’un futur incertain…
Yves «JB» Tassin