Drew Gress Quintet, The Sky Inside.
Ravi, Ralph, Drew et les autres… en marge de Jazz à Liège.
Ravi Coltrane est assurément l’une des têtes d’affiche du festival Jazz à Liège 2013. En digne héritier de son père John, il illumine son jeu d’un vrai feu intérieur : on l’avait déjà constaté en Belgique lors de son passage dans le trio de Reggie Washington (album “A Lot Of Love, live”). Par ailleurs, il se produit, dans la salle de Wallonie, à la tête d’une fine équipe : Ralph Alessi à la trompette (déjà présent sur l’album “From The Round Box”), Drew Gress à la contrebasse (présent sur “Spirit Fiction” et “Blending Times”), David Gonzalez au piano et Eric Mc Pherson à la batterie. Soit un quintet qui n’est pas sans rappeler un autre : celui qu’on retrouve sur le nouvel album de Drew Gress sur le label munichois Pirouet Records : “The Sky Inside”.
Drew Gress Quintet, The Sky Inside (Pirouet Records)
Né en Pennsylvanie en 1959, Drew Gress s’est vite imposé sur la scène new yorkaise auprès de musiciens tels que le saxophoniste Ellery Eskelin, le guitariste John Abercrombie, le clarinettiste Don Byron, les saxophonistes Ravi Coltrane, Tony Malaby ou Dave Liebman. Sa sensibilité mélodique en a fait l’un des spécialistes du piano trio aux côtés de Fred Hersch (“The Fred Hersch Trio Plays”), Marc Copland (“Some Love Songs”, “Night Whispers”) ou Bill Carrothers (“Castaways” avec Dré Pallemaerts, “Joy Spring” avec Bill Stewart). Mais Drew Gress est aussi compositeur et leader. Pour les dix compositions originales sur “The Sky Inside”, il s’est entouré de grandes pointures. A la trompette, Ralph Alessi qui a côtoyé Steve Coleman comme Ravi Coltrane, Sam Rivers, Don Byron, Uri Caine ou Fred Hersch. Au saxophone alto, le pétulant Tim Berne révélé dans les années ’80-’90 par des albums comme “Theoretically” (un duo détonnant avec Bill Frisell), “Mutant Variations” avec le trompettiste Herb Robertson ou “Diminutive Mysteries” avec le guitariste français Marc Ducret. Au piano, Craig Taborn révélé par le quartet de James Carter et qu’on a retrouvé ensuite auprès de Dave Douglas, Chris Potter ou Dave Holland. Enfin, à la batterie, Tom Rainey qu’on a souvent entendu auprès de pianistes comme Simon Nabatov, Fred Hersch ou Kenny Werner (notamment lors du Jazz à Liège de 1993). Constitué uniquement de compositions originales, l’album fourmille de pièces au groove endiablé avec alto et trompette joués à l’unison (No Saint, Long Story, Zaftig Redux), d’alertes ballades dédiées à la trompette bouchée (In Streamline et Kernel avec une omniprésence de la contrebasse), un morceau au subtil déhanchement monkien (Jacquard) et des thèmes empreints d’un esprit libertaire (The Sky Inside, Delve) dans lesquels on retrouve toute la puissance incisive de Tim Berne à l’alto. Un album qui permet d’avoir « the sky inside », comme un soleil en plein cœur.
Claude Loxhay