Eclectic Maybe Band : Cosmic Light Clusters

Eclectic Maybe Band : Cosmic Light Clusters

Discus

L’arbre généalogique d’Eclectic Maybe Band a désormais plus de ramifications que celui des personnages de Game Of Thrones. Ajoutez à cela le fait que chaque personnage principal a un passé impressionnant, et que le potentiel des intrigues est inégalé. Pourtant, à chaque nouvelle sortie, l’initiateur, le bassiste et producteur Guy Segers parvient à assurer un concept cohérent. Parmi les participants, on retrouve cette fois Cécile Broché, Michel Delville, Joe Higham et Luc Van Lieshout, de même que les grands maîtres japonais de la scène improvisée, Mami Foujita et Tatsuya Yoshida. Au total, pour « Cosmic Light Clusters », ils n’étaient pas moins de vingt-neuf ! La méthode de travail est restée la même que pour les albums précédents sans jamais être routinière, bien au contraire. Guy Segers conçoit une structure de base et l’envoie numériquement, avec la partition qui l’accompagne, aux musiciens invités concernés. Ensuite, il fusionne le tout avec des arrangements adaptés et s’occupe du mixage. Un certain nombre de morceaux ont été mis en boîte en direct avec un noyau permanent de collaborateurs et sont basés sur l’improvisation. La pochette du digipack dépliable avec illustration cosmique personnalisée montre en détail qui joue ou chante quoi. Les paroles ont été ajoutées dans un livret séparé.

Le CD s’ouvre de manière surprenante avec la cinématique et particulièrement épique « Nébuleuse », avec laquelle Guy Segers peut être classé parmi les meilleurs compositeurs contemporains. Les improvisations communes avec des arrangements de groupes différents (« Cratère », « Prisme Souriant », « Mineral Is Growing Slowly ») sont d’un niveau tout aussi élevé et regorgent de fragments et de trouvailles et de détails qui prennent tout leur sens grâce aux arrangements et aux connexions conceptuelles. Des dérives typiques de ce collectif changeant surgissent dans « Calculations At The Space Center », un crossover déstabilisant entre science-fiction bizarre aux accents d’horreur et de beats « industrial » d’avant-garde.

Le spacy et très sobre « Hypnopédie » s’enrichit des textes parlando d’Eleni Siozou, Mami Foujita et Cathryn Robson. Effrayant et mystérieux par son apparente simplicité. « Ordinary Undercover Radar » est un mélange ingénieux de synth pop, d’Electronic Body Music (EBM) et de bande originale de film noir, avec Yoshida à la batterie et Rich O’Meara qui ajoute des accents au marimba et au vibraphone. « Elipse Sealed » intrigue par sa construction initiale rudimentaire jusqu’à ce que la violoniste Cécile Broché apporte quelques surtensions et que le tout prenne la forme d’un labyrinthe oppressant et presque macabre. Enfin, il y a l’anguleux et le plus teinté prog « Bottle Opener » et le morceau de clôture légèrement théâtral « B2 Or Not 2B – Astrum Argentinum » avec le chant de Cathryn Robson.

L’adjectif progressif convient parfaitement à ce « Cosmic Light Clusters », mais sans sa connotation restrictive. Il y a beaucoup plus à découvrir ici, la cohésion prédominante est régulièrement brisée par des bravades inventives couplées à des perspectives en expansion constante. Un voyage cosmique sans pareil du début à la fin. Faites-vous plaisir et recherchez les précédents chapitres de cette saga, dont plusieurs parties suivront bientôt.

En partenariat avec Jazz’Halo

Georges Tonla Briquet
Traduction libre : Luc Utluk