Elephant9 with Terje Rypdal : Catching Fire
« I Cover the Mountain Top », qui ouvre cet album, démarre par quelques spasmes joués à l’orgue électrique. Vers l’entame de la deuxième minute, la guitare de Terje Rypdal surgit. Spatiale, aérienne. Comme si le temps venait brusquement se figer dans les années septante. Le décor du nouvel album d’Elephant9 est ainsi posé. Un album enregistré en « live » à Oslo en 2017 avec, comme invité prestigieux, un Terje Rypdal en grande forme et qui allait alors entrer dans sa huitième décennie… Précisons : Elephant9 est bien un trio de jazz norvégien formé il y a un peu moins de vingt ans et qui compte aujourd’hui une petite dizaine d’albums à son répertoire (tous publiés chez Rune Grammofon), dont deux « live » auxquels s’ajoute ce « Catching Fire » sorti des limbes. Six titres jalonnent ce disque. Six voyages sensoriels dont la durée peut dépasser les vingt minutes de musique jazz-progressif tendance rock. Dotée d’une section rythmique solide et d’un organiste déchaîné, cette formation se voit ici renforcée par une « star » qui semble se fondre avec enthousiasme dans le magma sonore général. Impossible à ce stade-ci de ne pas évoquer les King Crimson, Soft Machine et autres têtes chercheuses adeptes de la fusion, apparues il y a plus de cinquante ans… Des groupes dont l’aisance technique n’a cependant pas aboli le plaisir d’écouter une belle mélodie, fût-elle décorée d’éléments psychédéliques. Grâce à cette (re)production, nous profitons, nous aussi, d’un concert qui valait certainement le déplacement.