Elmar Frey : Seven Colors
Le répertoire comprend dix titres dont neuf compositions originales écrites par le leader dans un style qui renvoie au hard-bop des années 60. Le fil rouge est d’ailleurs clairement revendiqué puisqu’un des morceaux est intitulé « Silverish » en hommage au célèbre pianiste Horace Silver, fondateur avec Art Blakey des Jazz Messengers, groupe précurseur et emblématique de ce courant musical. Le batteur suisse Elmar Frey, qui a enregistré plus de quarante albums, dont treize en leader ou coleader, est ici à la tête d’un septet organisé en deux phalanges : une section étoffée de cuivres et une autre rythmique parée au combat. Du coup, les vibrations puissantes qui giclent des enceintes déplacent vraiment de l’air, tandis que le son rappelle celui d’un mini big band : compact, puissant et cuivré. Avec des thèmes efficaces et des arrangements minutieux ancrés dans la tradition, le swing n’est pas délivré en mode pointilliste, mais plutôt comme un groove enthousiaste et jubilatoire qui porte comme un étendard toutes les vertus du genre. Aucun risque de s’ennuyer d’autant plus que tout ça est rendu avec une belle variété de timbres. Les solistes, tous des représentants de haut vol du jazz suisse, prennent la parole chacun à leur tour : les chorus de trompette, de saxophone, de trombone, de piano, de contrebasse et même de flûte (sur « Peter’s Blues ») émaillent les compositions avec dynamisme et bonne humeur. Rien de trop intellectuel ici, mais plutôt un savoir-faire, des compétences et une grande envie de jouer pour donner du plaisir. Message reçu : on monte le volume et on profite à fond de cette explosion de fraîcheur et d’ondes positives.