
Emma-Jean Thackray : Weirdo
Brownswood / Parlophone / N.E.W.S,
Musicalement, Emma-Jean Thackray sait à peu près tout faire. Elle est multi-multi-instrumentiste (trompette, trombone, claviers, guitares, batterie…), elle écrit toutes ses chansons, est productrice, DJ, et même chanteuse. J’ai bien dit « musicalement ». Rien n’indique en effet que cette jeune femme (trente-six ans quand même) issue de la classe ouvrière de Leeds soit capable de confectionner une carbonara dans les règles de l’art culinaire ou de franchir avec une perche une barre posée à cinq mètres de hauteur. Ce dont vous vous foutez éperdument, comme du premier boulon qui fixait le siège de votre premier go kart. Soit. Emma-Jean a depuis rejoint Londres (le fameux « London Calling ») où elle s’est habilement fondue au cœur de la nouvelle génération dorée du jazz anglais. On la retrouve d’ailleurs en 2020 avec ses collègues au générique de « Blue Note Re:imagined », une compilation dans laquelle seize leaders / projets relisent les partitions de leurs glorieux aînés, de Wayne Shorter à Herbie Hancock. Sans aucun doute le point de départ d’une carrière prometteuse qui ne comprenait jusqu’alors qu’une poignée d’EP enregistrés sur son propre label Movementt (oui, avec deux « t »). Suivront un premier album « Yellow » primé album jazz de l’année 2021 outre-manche et, tout naturellement, la signature d’un contrat chez Parlophone et Brownswood. La valeur pouvant parfois, contrairement à ce que prétend la citation de Corneille, attendre un peu de temps avant d’être reconnue. Chose acquise à présent.
Ce deuxième album nous conforte bien entendu dans l’idée que Emma-Jean Thackray appartient bien à cette génération de musiciens inventifs et généreux. Dix-neuf titres, dont une demi-douzaine affiche moins de deux minutes au chrono. Sans répit (une seule ballade, « Staring at the Wall »), avec de fortes mélodies, l’énergie de la bonne humeur et le groove funk / hip hop / soul que l’on apprécie lorsqu’il s’agit de lâcher prise et de secouer le popotin sur le dancefloor.
Vous voulez que je vous dise ? Marc Moulin aurait adoré programmer « Weirdo » sur les ondes de Radio Cité !