
Epoxy Quartet : Recollection
Challenge Records / New Arts International
Baptiser son quartet du nom d’une résine utilisée dans la fabrication de colle, elle-même à usage multiple, est surprenant, mais il s’agissait pour le pianiste et compositeur Koen Gijsman de rendre hommage à son grand-père qui initia la production de ce matériau aux Pays-Bas. Sur un plan plus strictement musical, l’Epoxy Quartet qui, outre son leader, comprend le violoncelliste Kim Jäger, le saxophoniste Kasper Rietkerk et le batteur Tuomas Ruokonen, joue une musique chambriste, la plupart du temps nostalgique, dans laquelle les souvenirs personnels du pianiste et l’improvisation tiennent un grand rôle. Les neuf compositions, toutes de la plume de Koen Gijsman, se caractérisent par des atmosphères poétiques installées au fil de longs développement zébrés de solos improvisés. Certains morceaux comme « Made » et surtout « Out of Reach », longue rumination alanguie, nécessitent une écoute patiente et décontractée. D’autres comme « Cosmos » et « Three Strikes Out » sont plus abstraits, déconstruisant plus qu’ils ne bâtissent. Sur quelques titres, Martijn van Ditshuizen a été invité à rejoindre le quartet : sa clarinette basse se fait remarquer au sein des textures collectives (« Shelter ») tandis que sur « Last Chance », c’est avec une flûte qu’il étoffe la palette sonore. Répondant à une direction artistique aussi ambitieuse que clairement définie, la musique du quartet est parfois avant-gardiste, mais reste accessible tout en étant pourvue d’une dimension contemplative. Quant au nom « Epoxy », en fin de compte, il pourrait bien aussi être une métaphore suggérant l’exceptionnelle cohésion du quartet.