
Eric Deshayes : Kraftwerk
Lorsque Eric Deshayes voit le jour, en 1973, Kraftwerk n’a pas encore connu la gloire. Juste un (petit) succès d’estime avec trois albums (« les deux cônes de signalisation de travaux » et « Ralf & Florian ») écoulés à quelques dizaines de milliers de copies, ainsi qu’un mystérieux « Tone Float » paru à titre posthume sous le patronyme Organisation. Kraftwerk se cherche, Kraftwerk cherche… Les deux leaders du concept, Ralf Hütter et Florian Schneider engagent et désengagent les musiciens, scrutent le son, inventent des instruments et créent une musique avant-gardiste, davantage jazz que pop…
Un sérieux virage sera franchi en 1974, il y a cinquante ans, avec un album-concept, « Autobahn » sur lequel apparaissent les premières voix travaillées au vocoder. Il faudra attendre un an de plus pour que l’essai autoroutier soit transformé en succès planétaire. Jouant sur la corde d’un mystère qui attirera un public nombreux dans ses tentacules, le groupe se stabilise (à quatre) lors d’un « Radio-Activity » massacré par la presse (on ne passe pas impunément du statut « culte » au succès mondial) et adulé par les fans.
Ainsi démarre la période faste de Kraftwerk, qui s’étend sur une petite dizaine d’années (et six albums) durant laquelle ces Beach Boys de l’electro incarneront le futur tout en se référant à un lointain passé (les années 1910/1930), soit l’ambition de créer un univers musical futuriste teinté d’un charme rétrograde. Et ça marche ! Mieux, de Bowie au disco, en passant par la new wave post-punk, Kraftwerk devient LA référence.
Cette histoire pas banale d’un groupe qui ne l’est pas moins (d’un concept pour être plus précis), Eric Deshayes l’a judicieusement scindée en trois chapitres : « Archéologie sonore (1967-1973) », « La production des classiques (1974-1986) » – le plus important, et de loin ! -, « Retro-activity ! Live ! (1991-le futur) ». Trois chapitres que les (nouveaux) fans et les nostalgiques avaleront passionnément.
Certes, et c’était la stratégie commerciale utilisée par le groupe, le mystère reste intact lorsque l’on évoque la dernière période (une trentaine d’années résumées en trente-cinq pages). Mais là ne se trouvait pas l’essentiel. Relisons encore les informations qui ont pu filtrer au sujet de six albums devenus des classiques de la musique pop sans frontières, tous parus entre 1974 et 1986, et réécoutons cela en compagnie de notre robot préféré.
Eric Deshayes
Kraftwerk
Le mot et le reste
19 €
ISBN : 978-2-38431-346-4
179 pages