Eve Beuvens : Lysis

Eve Beuvens : Lysis

Igloo Records

Parmi les nombreux musiciens de qualité qui vivent à Bruxelles, bon nombre d’entre eux multiplient les participations à divers projets. Histoire de jouer, tout simplement. N’est-ce pas là l’objectif prioritaire lorsque l’on vit de cet art-là ? Mais Eve Beuvens ne donne pas l’impression de suivre cette voie. On ne retrouve pas nécessairement son nom sur une quantité pléthorique de pochettes… En cela, elle nous fait un peu penser à un autre virtuose du piano, Alex Koo. Chez Eve, on relève l’éclectisme des choix. Elle dirige un quartet « Noordzee » pour ses débuts discographiques, une formation élargie par la suite (« Heptatomic »), elle collabore de longue date et sous différentes formules avec le saxophoniste suédois Mikael Godée et livre au milieu de tout cela l’inévitable piano solo. Chacun de ces projets diffusant une couleur qui lui est spécifique. Pour « Lysis » (un terme médical qui désigne une dégradation lente, quasi imperceptible mais bien réelle d’une cellule), la pianiste bruxelloise opte pour un trio non conventionnel qui réunit, autour de son instrument, des fragments électroniques confiés à Lynn Cassiers et la contrebasse de Lennart Heyndels. Ici, la couleur est étincelante, scintillante même, lorsque l’on se concentre sur le son de ce piano qui semble se trouver à portée de nos doigts. Ce trio offre une perspective supplémentaire à la musique d’Eve. Cette œuvre s’inspire de textes cryptés par l’électronique et que l’on doit à des poètes américains (trois femmes, un homme). Car Eve aime les mots… Lorsqu’il a été mis sur pieds il y a trois ans, ce projet avait d’ailleurs pour nom « Eve Beuvens Tri(W)o(rds) ». Rassurons immédiatement les amateurs frileux : si l’électronique occupe bien une place importante dans le dispositif, à aucun moment on ne ressent que ce collègue câblé envahit l’espace. Au contraire, « Lysis » est un album profondément humain, touchant… Osez cette découverte !

Eve Beuvens en interview dans JazzMania ce mercredi 26 février.

Yves Tassin