Fabien Degryse, Summertime

Fabien Degryse, Summertime

Fabien Degryse « Summertime » : l’évidence du solo.

Belgique, terre de guitariste, dont Fabien Degryse fait incontestablement partie des joyaux. Passé par l’indispensable Berklee School of Music, au début des années 1980, Fabien Degryse se fait surtout connaître à ses débuts chez nous par sa collaboration – aujourd’hui de plus de trente ans ! – avec « L’Ame des Poètes » (Igloo Records). Sur  l’album « L’Eté indien », il prend le relais de Pierre Van Dormael sur les trois dernières pièces de l’album et il ne quittera plus le poste dans le trio, un des plus originaux qu’ait produit la scène belge. Puis aux côtés de Patrick Deltenre, Hendrick Braeckman, Peter Hertmans, Jacques Pirotton, Jeanfrançois Prins, Paolo Radoni et Hans Van Oost, fantastique big band de guitares,  il crée le plus bel hommage au Roi René Thomas (qu’entre parenthèses, on aurait pu rêver au rendez-vous du quarantième anniversaire du décès de celui-ci). Et, curieusement, la biographie de son nouvel opus passe sous silence le remarquable « Medor Sadness » – a-t-on jamais trouvé clin d’œil aussi joli à la tradition ? -, un quintet d’enfer avec Erwin Vann, Eric Legnini, Jean-Louis Rassinfosse et John Engels, où les compositions du guitariste rendent déjà son penchant pour la tradition ( Editions Collage, 1998). En 2007, sort le volume 1 de « The Heart of The Acoustic Guitar », suivi du chapitre 2 , deux ans plus tard, à partir de compositions originales de Fabien Degryse, en acoustique, avec Bart De Nolf (contrebasse) et Bruno Castellucci (batterie). Puis en 2011, le premier volet de standards « Finger Swingin’ » avec sa seule Martin au son incroyable. Avec « Summertime » (sortie ce mois-ci chez Midnight Muse), Fabien Degryse poursuit la voie des grands thèmes du répertoire, onze bijoux hyper-connus du grand répertoire américain – seul Corcovado vient ajouter une touche délicieusement latine.  Compositions des années bop – Lady Bird de Tadd Dameron -, Cole Porter, Gershwin, George Shearing, mais aussi Rollins, Miles, une sorte d’histoire du jazz moderne en version dépouillée, émouvante par moments – Cry Me A River-, excitante souvent par un des plus grands guitaristes de chez nous, voire d’ailleurs. Fabien Degryse sera en concert solo au Théâtre Marni,  le 29 octobre prochain, dans le cadre du « Hello Jazz ! Festival »,  ensuite à Sensenruth (Bouillon) le 31 , puis au Heptone (Ittre) le 22 novembre.

Jean-Pierre Goffin