Fabio Rojas: Perseverance

Fabio Rojas: Perseverance

Autoproduction

En 2010, le batteur vénézuélien Fabio Rojas quitte son pays et s’installe à New York. Il y poursuit ses études musicales au Berklee College Of Music puis commence à composer des musiques de film, enseigne la musique et, en tant que musicien de session, se retrouve impliqué dans de nombreuses formations. Puis l’envie d’un premier album se fait ressentir. L’envie aussi d’exprimer et d’écrire ses ressentis sur son pays d’origine, passé d’une démocratie prospère à un régime dictatorial. Il compose six titres (plus une improvisation en studio qui clôt l’album) et invite quelques musiciens / amis à les mettre en boîte dans un studio de Manhattan, tout en se chargeant de la production. Entourant sa batterie vont venir le rejoindre la légende du sax new-yorkaise Greg Osby (Herbie Hancock, Dizzy Gillespie, Jack De Johnette…), le bassiste péruvien Osmar Okuma (nommé aux Grammy’s) le saxophoniste brésilien Gustavo D’Amico et le pianiste Kevin Harris. Entre musiques écrites et improvisations, le quintet nous délivre un jazz actuel américain qui ne va pas souvent se sortir du jazz mainstream. L’album est introduit par un efficace « Ni un paso atras » (Pas un pas en arrière) qui contient une retranscription du chant crié par des protestataires vénézuéliens lors d’une manifestation. Enrobé dans un bon groove, contenant un peu de rythmes folk et une belle harmonie, ce titre est un des plus captivants de l’ensemble. Outre l’efficace travail du batteur, j’ai surtout été très réceptif aux magnifiques interventions des saxophonistes et aux mises en évidence de l’excellent pianiste. Réceptif aussi au plus paisible et mélodique « Homage AP » où Fabio exprime son sentiment de mal du pays. Tout comme sur « Loneliness » où il se localise « un pied dans son pays, un pied dans son futur ». La musique de Fabio Rojas est magnifiquement exécutée, bien produite, chaque musicien bénéficie d’espaces pour de brefs solos, pour de belles mises en évidence et l’ensemble devrait plaire à un large public qui ne demande pas à être perturbé. Qui désire simplement écouter du bon jazz. Il sera ravi par ces musiques.

Claudy Jalet