Fabrizio Graceffa, U-Turn

Publié par Philippe Schoonbrood le 5 septembre 2016

Fabrizio Graceffa, U-Turn

CHALLENGE RECORDS

Né en 1979, Fabrizio Graceffa a d’abord joué de la guitare en autodidacte, au sein de groupes de rock? avant de découvrir le jazz par l’entremise de Marco Locurcio. Il a ensuite participé à différents workshops avec Paolo Loveri, Peter Hertmans et Jacques Pirotton et étudié au Conservatoire de Luxembourg. Il a d’abord formé un quartet avec le trompettiste Peer Baierlein (album “Stories” en 2010) et rejoint le groupe pop français Lennox en 2012. Le voici à la tête d’un intéressant sextet. A la trompette, Jean-Paul Estiévenart, le plus sollicité de nos trompettistes, du LG Jazz Collective à Urbex, du quartet de Lorenzon Di Maio à Rêve d’Eléphant Orchestra ou MikMâäk : un grand talent qui prend de plus en plus d’assurance. Au  saxophone ténor, Nicolas Kummert des groupes Quatre, Voices et Drifter avec Alexi Tuomarila et du Yves Peeters Group. Au trombone, Edouard Wallyn, membre du Jazz Station Big Band et de God Save The Swing, avec Jean-Paul Estiévenart et Kenny Jeanney. A la contrebasse, Boris Schmidt, qui a souvent accompagné des chanteuses, de Chrystel Wautier à Natache Wuyts, en passant par Fanny Bériaux mais fait aussi partie du Summer Residence de Bernard Guyot et Charles Loos et a enregistré Stringly 612 avec Jacques Pirotton. A la batterie, Teun Verbruggen, qui peut tout aussi bien jouer au sein de piano trios (Jef Neve, Igor Gehenot) que faire partie du Flat Earth Society ou de Bureau of Atomic Tourism avec Marc Ducret et l’Américain Nate Wooley. Enfin, en invité sur trois plages, Jacques Pili à la basse électrique. Au répertoire de ce U-Turn, du nom d’un road movie d’Olivier Stone, dix compositions originales  avec une musique d’Ennio Morricone et une chanson de Johnny Cash. Dans ses compositions,  Graceffa dit s’inscrire dans une tradition américaine mêlant blues, folk, country et jazz, tout en se réclamant de l’héritage de Bill Frisell ou de Ry Cooder. C’est bien le cas pour des titres comme The Old Ship, avec son intro de guitare qui débouche sur une mélodie très folk, avec un solo de ténor à la sonorité veloutée, très proche de ce que fait Kummert dans Voices ou le groupe d’Yves Peeters. C’est aussi le cas de Trois Fois Rien, avec un nouvelle intro bluesy de guitare et son beau solo de bugle d’Estiévenart ou de Self Control avec intro de saxophone ténor et beau solo de trombone, tandis que Milton’s Dream flirte avec les rythmes brésiliens. Les ballades Before You Go et Neo alternent avec des tempos beaucoup plus vifs (Something Is Missing, U-Turn). A l’écoute de la première plage, Lupo, une autre référence vient irrésistiblement à l’esprit : une sorte de parenté avec l’univers de Rêve d’Éléphant Orchestra. Après une intro d’un peu plus d’ une minute, la mélodie que les souffleurs développent opère avec le même charme que le thème central de Célestin, une composition de Michel Massot reprise par Rêve d’Eléphant Orchestra dans l’album “Lobster Caravan”, une de ces mélodies qui s’inscrit, de manière indélébile, dans notre inconscient. Un album à la croisée des chemins, comme l’indique le texte de pochette : “U-Turn takes us on a sonic journey across American music (blues, folk, country and jazz) mixed with European rock and classical music”.

Claude  Loxhay

 

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