Florian Arbenz : Conversation #10 « Inland »

Florian Arbenz : Conversation #10 « Inland »

Hammer Recordings

On a déjà évoqué ici l’ambitieux projet du batteur suisse Florian Arbenz : sortir douze albums avec des musiciens différents avec pour leitmotiv « Conversations ». Voici le dixième volet du feuilleton qui cette fois réunit exclusivement des musiciens de la scène helvétique auxquels Florian Arbenz dédie d’ailleurs ce dixième épisode. Ils sont au nombre de cinq cette fois à partager le Hammerstudios de Bâle avec le batteur : le trombone d’origine allemande Nils Wogram, Martial In-Albon à la trompette, Christy Doran à la guitare, Rafael Jerjen à la basse et, pour un titre, Matthias Würsch au « glass harmonica », instrument que nous avons tous un jour pratiqué en glissant un doigt humide sur la tranche d’un verre à vin (ou autre !), mais ici en version plus sophistiquée. « Jammin », une composition de Wogram ouvre l’album avec force, démontrant sa maîtrise parfaite de l’instrument dans toutes ses facettes. Maikel Vistel fait partie des compositeurs préférés de Florian Arbenz : on avait découvert le sax ténor sur le volume #4 qui présentait une de ses compositions, le voici cette fois mis en avant sur « Sound » où trombone et trompette introduisent la pièce dans un jeu complexe de sonorités.

Autre fidèle du batteur, le pianiste Eddie Harris dont la composition « Freedom Jazz Dance » est une nouvelle fois reprise ici mettant en évidence de belle manière le trompettiste Martial In-Albon alors que Florian Arbenz prend énormément de plaisir à faire vibrer ce titre sous ses baguettes. « Connecting » de Christy Doran est une courte pièce où le guitariste est mis en évidence. La pièce la plus étonnante de cette dixième galette est sans aucun doute « Moon Song » et ses curieuses sonorités amenées par Matthias Würsch : musique atmosphérique, lunaire même, autour de laquelle la contrebasse dessine un solo sur fond de souffleurs. « Fast Lane » de Florian Arbenz clôture cette antépénultième conversation dans une inspiration hard bop moderne où tous les instrumentistes sont amenés à mettre leur touche personnelle dans une belle énergie. Une nouvelle conversation qui nous confirme que Florian Arbenz est un musicien qui a des choses à dire.

Jean-Pierre Goffin