Florian Arbenz : Conversation # 9 Targeted
Voici déjà la 9ème conversation proposée par Florian Arbenz, un batteur suisse, qui a développé ce projet de « conversations » il y a deux ans (projet qui prévoit la sortie de trois derniers albums dans les mois qui viennent). Comme dans les huit précédentes, Florian Arbenz a créé un petit (en nombre de musiciens) groupe original. Cette fois, il est accompagné d’un vieil ami, à savoir le saxophoniste (alto et soprano) américain Greg Osby, avec lequel il a collaboré à de très nombreuses reprises ces 25 dernières années (rappelons leur excellent album en duo de 2020, « Reflections of the Eternal Line »), et d’un musicien nouveau dans l’environnement d’Arbenz, l’organiste (Hammond) hollandais Arno Krijger. L’album commence par l’habituelle relecture du « Freedom Jazz Dance » de Eddie Harris (morceau que l’on retrouve dans quasi tous les albums de ce projet de « conversations » : il serait intéressant de faire un disque avec chacune des versions, aux sonorités bien différentes à chaque reprise. Ici, cette interprétation a un côté jazz-rock bien enlevé, avec de brillantes interventions assez libres de chacun des musiciens : l’intro au sax alto d’un Greg Osby en très grande forme, les nappes successives d’orgue toujours plus brûlantes et un Florian Arbenz faisant le lien, dont le jeu subtil permet cette cohésion.
Il y a deux autres reprises : tout d’abord « Seven Steps to Heaven » (morceau écrit par Victor Feldman pour Miles Davis sur l’album portant ce même titre) où, après un solo de batterie en introduction, Arbenz joue avec le seul Krijger, dans un dialogue effréné. La dernière reprise, un autre classique, est le « I Loves You Porgy » de George Gershwin et une interprétation tout en retenue d’une grande beauté. Trois compositions originales complètent l’album, à commencer par « Sleeping Mountain » de Florian Arbenz, un petit bijou de délicatesse et de gravité. Autre morceau écrit par le batteur « Old Shaman » apparaît dans un premier temps plus ancré dans la tradition, mais rapidement les coups de butoir de l’orgue et un solo éclairé de Greg Osby donnent une couleur plus nerveuse, presque rock, avant un passage au climat apaisé et mystérieux du meilleur effet, pour finalement se clôturer par une phrase de rappel orgue-saxophone bien pétulante. Greg Osby a écrit « Vertical Hold » : le saxophoniste s’y lance dans un chorus tout en contrastes, secondé par le seul Florian Arbenz.
Ces courtes explications sur chacun des morceaux montrent la grande diversité des ambiances que l’on retrouve dans ce très beau disque de Florian Arbenz. Cette diversité, elle est présente dans cette œuvre colossale des « conversations », avec déjà neuf formations très différentes les unes des autres, mais avec une qualité constante.