Floris Kappeyne Trio : Closer

Floris Kappeyne Trio : Closer

ZenneZ

D’une certaine manière, « Closer » est encore un produit impacté par la période de confinement, mais il s’agit cette fois d’un impact à rebours. Redécouvrant la vie trépidante du monde normal au sortir de la pandémie, Floris Kappeyne a eu l’envie de prolonger la période de calme et de tranquillité à laquelle il s’était acclimaté. Du coup, l’album porte les stigmates d’une période révolue : une ambiance intimiste, une langueur confortable, un dépouillement qui frise l’épure. On entend même à certains moments le feu qui crépite dans l’âtre et d’autres bruits indistincts qui accentuent l’impression de sérénité et de solitude. Les musiciens se sont placés le plus proches possible les uns des autres (d’où le nom de l’album : « Closer ») dans un salon du château de Saint-Loup en France, tandis que la musique a été captée selon la technique du « Dummy Head » (une tête factice avec des micros dans les oreilles qui permet d’assurer un enregistrement binaural offrant une perception sonore naturelle, surtout audible au casque).

La musique coule de manière paisible au fil des six plages en donnant l’impression que l’on est dans la même pièce que le trio. Appuyés par le jeu aérien du batteur Wouter Kuhne, les ostinatos et les lignes mélodiques sont souvent simples tandis que la contrebasse au son boisé fluidifie encore le flux paisible des notes. Dans le style de ce qui précède, « Inner Monologue », comme son nom l’indique, est joué par Floris seul au piano : les notes s’étirent encore un peu plus dans une langueur monotone. Le répertoire se referme sur un titre légèrement différent, « Powder Blue, Burgundy and Sage », qui, sans vraiment perturber l’ambiance générale du disque, offre quelques improvisations jazzy et un jeu de batterie original.

Finalement, « Closer » est un projet ambitieux et peut-être davantage par le fond que par la forme. Néanmoins, cette musique homogène et atypique, sobre et contemplative, devrait séduire ceux qui, le soir venu, aspirent à un cocooning zen entre plantes feuillues et flammes dansantes des bougies.

Pierre Dulieu