Focus : A Filetta en concert à Liège
Où ? La salle de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Quand ? Le jeudi 7 octobre.
Qui ? De tous les groupes qui ont sorti le chant corse de sa discrétion insulaire, A Filetta est sans conteste l’un des plus importants.
Formé en 1978, cet ensemble vocal de six chanteurs a réussi à maintenir la tradition tout en la magnifiant et en osant la réinventer dans le respect de ses fondations. On sait qu’il n’est jamais simple de reprendre un flambeau ancestral et de trouver les moyens non pas de le rallumer – il n’était pas encore éteint – mais d’entretenir sa flamme sans hésiter à lui trouver un nouveau souffle et une autre manière de projeter la lumière.
A Filetta a compris la tradition et n’a jamais craint d’en faire sa propre expression plutôt que d’imaginer imposer au monde une pratique polyphonique figée et digne du musée. La Corse doit à ce groupe non seulement la prolongation de ce qui fait son histoire et son identité mais aussi la vision audacieuse qui projette cette image profonde sur les scènes du monde.
On peut résumer cette tradition polyphonique complexe par le mot et la pratique du « paghjella » même si le répertoire est plus complexe et plus subtil encore. D’autant que le sacré et le profane se tutoient depuis longtemps dans cet équilibre savant de voix populaires.
La paghjella est en quelque sorte le chant profane corse, composé de six vers de huit pieds et chanté en polyphonies. Il aborde la vie de tous les jours, l’amour, les événements sociaux ou politiques, la nature, le pays… Tout poème peut être chanté en paghjella. Paghjella vient du mot «peghju» qui signifie «paire». La polyphonie est répartie sur trois voix essentielles. « A siconda » est la principale, qui donne la mélodie. « U bassu » est la basse et « a terza » est la plus aiguë, celle qui fait les ornementations. Si ces trois voix sont la base, on peut y ajouter d’autres voix, doubler certaines d’entre elles et créer un chœur plus important. La paghjella peut être en partie improvisée. Elle vient de la tradition pastorale et n’était jadis pratiquée que par les hommes, ce qui n’est plus nécessairement le cas aujourd’hui. Il faut remarquer que le chant polyphonique sacré est organisé autour du même système de répartition entre trois voix. Ce chant rappelle que sur cette île l’homme vivait en étroite intelligence avec la nature. Le mystère y garde sa place, le mythe s’y devine, l’odeur de la terre s’y révèle.
Le parcours du groupe est étonnant. Ils ont chanté la tradition, ils ont créé, composé, inventé, partagé. Avec d’autres musiciens et chanteurs, avec d’autres traditions. Sans pour autant tomber dans les clichés parfois trop faciles des concessions aux modes des musiques du monde. A Filetta n’a jamais quitté sa trajectoire, conservant au chant corse son incroyable dignité et sa beauté méditerranéenne.
C’est une chance exceptionnelle de les avoir à Liège : un espoir qu’on croyait perdu à cause de la pandémie puisque le concert fut reporté. Un groupe a capella sur cette prestigieuse scène de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège pour une des plus remarquables traditions polyphoniques d’Europe… c’est un rendez-vous à ne pas manquer.
Informations : www.oprl.be (attention, application du Covid Safe Ticket)
DES PLACES À GAGNER !
JazzMania a 2 x 2 places à vous offrir pour ce concert ! Ce concours est réservé aux adhérents ou nouveaux adhérents du magazine.
Mail à envoyer à l’adresse jazzmania.be@gmail.com en indiquant « A Filetta » en communication. L’heureux élu sera averti par mail le dimanche 3 octobre.