François Salque, Jérémie Arranger & Samuel Strouk – Loco Cello : Tangorom
Après un premier disque éponyme sorti en 2019, le trio Loco Cello, composé de François Salque (violoncelle), Samuel Strouk (guitare) et Jérémie Arranger (contrebasse) proposent un second opus qui tisse de nouveaux liens entre jazz manouche, musique classique et diverses influences world (Argentine et Europe centrale). Capté à l’Abbaye cistercienne de Noirlac par l’ingénieur du son Philippe Tessier du Cros (récompensé par les Victoires du Jazz en 2018), qui a profité au mieux de l’acoustique du lieu, l’enregistrement a une sonorité austère, sans ornement, avec une légère pointe de réverbération naturelle. C’est une autre facette de Django Reinhardt, dont on fête cette année le 70e anniversaire de la mort, qu’explore le répertoire : son lyrisme et son amour pour la « Grande Musique » dont il admirait la perfection de forme et la justesse instrumentale. Ainsi, des titres comme le mélancolique « Oblivion », composé par Astor Piazzola, « Prière » du compositeur suisse Ernest Bloch et « Auf Einer Burg » de Robert Schumann, relèvent d’une musique de chambre à cordes, intimiste et romantique, qui séduit par ses harmonies douces et ses contrepoints. Présenté en deux parties, « Csardas » est un thème folklorique du XIXème siècle, recueilli par la musicienne tchèque Milena Dolinova, qui véhicule la nostalgie profonde des musiques populaires d’Europe centrale.
Sur certains morceaux, le côté manouche est amplifié par l’apport complémentaire de deux guitaristes invités : Biréli Lagrene et Adrien Moignard, tous deux spécialistes du swing gitan et de l’œuvre de Django Reinhardt. On a de toute façon droit au fil des plages à de belles parties de guitare acoustique sur « Tears » de Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, sur « Upper East » de Samuel Strouk et même à des échanges enflammés sur le splendide « Trucmuche » de Vincent Peirani.
Grâce à une véritable synergie entre les musiciens, Loco Cello réussit une alchimie difficile entre plusieurs styles : le répertoire de « Tangorom » (dont le nom résulte d’une contraction entre le tango argentin et la musique rom) est frais, riche en couleurs et suscite l’émoi plutôt deux fois qu’une.