Gordan : Gordan

Gordan : Gordan

Glitter Beat / Xango Music Distribution

Déjà la photo illustrant la pochette interpelle. Elle provient du Musée Ethnographique de Belgrade et date de 1960. Une rebouteuse ? Une guérisseuse et son patient ? Nous n’en savons rien et la musique est aussi une intrigue ! Vous allez entendre de l’inédit, vous allez être subjugué par les sons issus de la musique créée par Gordan. Un trio expérimental comprenant une Serbe, un Allemand et un Autrichien. Au chant Svetlana Spajic, à la batterie et percussions, Andi Stecher et à la guitare basse, electronics et effets divers Guido Möbius. Trois défricheurs qui nous emmènent dans huit compositions qui n’ont aucune structure définie. La voix est monotone, elle psalmodie des chants serbes issus d’une certaine tradition folk mais qui est réduite jusqu’à un épurement quasi religieux. Parfois, une percussion en soutien nous guiderait vers une incantation indienne avec danse en cercle et pas saccadés. Sauf que cette percussion semble aussi convenir pour des rythmiques asiatiques ! Infime détail dans cette musique où derrière le chant assez grave, imposant, s’écoulent des sons électroniques allongés, monotones, des percussions rêches, sèches et répétitives, mais souvent essentielles, un peu d’électricité via la guitare basse, de la noise. Je qualifierai même la plage d’ouverture « Barabinska » comme de l’indus dark folk ! On peut s’imaginer ces « chansons » approchant souvent les six minutes, comme des mantras free jazz (« Selo moje »), des psaumes répétitifs, hypnotiques (« Krajiska kontra ») voire des lamentations (« O Nikola »). Le genre d’album qui vous laisse perplexe tant la démarche est étonnante, l’ambiance inédite et le résultat nous promenant entre l’incongru et l’exceptionnel. Et au fil des écoutes, c’est ce dernier adjectif qui semble s’imposer. Ce groupe doit être assez stupéfiant en concert et les curieux se doivent de découvrir leur musique, leurs créations.

Claudy Jalet