Grimal, Cathala, Payen : Olympe

Grimal, Cathala, Payen : Olympe

OlympeLive In Montreuil (Connexe Sphere)

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Saxes en liberté avec Alexandra Grimal, Sylvain Cathala et Stéphane Payen.

Trois  souffleurs à la forte personnalité, musiciens majeurs de la scène française actuelle. Pour Alexandra Grimal, le passage par l’Orchestre National de Jazz et, tout récemment, NAGA, une formule originale à deux guitares – Marc Ducret et Nelson Veras – et deux claviers – Benoît Delbecq et Jozef Dumoulin – encadrés de Stéphane Galland, un batteur qui en vaut deux et Lynn Cassiers, voix et électronique, qu’elle a rencontrée au Conservatoire de La Haye; un projet US aussi avec « Owls Talk » enregistré avec Lee Konitz, Gary Peacock et Paul Motian. Pour Stéphane Payen, Thôt et Thôt Agrandi, aussi terre d’accueil de musiciens belges parmi les plus pointus : Laurent Blondiau, Pierre Bernard, Michel Massot, le regretté Pierre Van Dormael et Antoine Prawerman. Pour Sylvain Cathala, il y a un trio énorme avec Sarah Murcia et Christophe Lavergne, trio qui fête en 2015 ses 10 ans avec encore une série d’invités parmi lesquels Fabrizio Cassol, Bo Van De Werf, Fabian Fiorini… Nullement question ici d’un accès de chauvinisme belgo-belge, les références noire-jaune-rouge évoquent plutôt une communauté esthétique qui nous parle : Mâäk, Aka Moon, Lidlboj et l’improvisation insufflée par « l’école liégeoise » ne sont pas loin. Alors quand ces trois  saxes se rejoignent pour former un triangle, celui-ci ne peut être qu’équilatéral. Il y a quelques années,  Alexandra Grimal, Stéphane Payen et Sylvain Cathala forment « Olympe », nom qui n’évoque en rien un quelconque esprit de performance, mais bien le lieu de la rencontre, l’« Olympic Café » où se développe un répertoire propice à l’improvisation qui au fil du temps deviendra de plus en plus libre. Ce « Live in Montreuil », enregistré à « La Guillotine » il y a un an, témoigne des diverses expériences de ce projet. Les cinq titres s’alignent comme la chronologie du concert : « Premier Pas » fait office d’échauffement, travail sur le souffle d’abord, sur le cliquetis des clés en conclusion. « Dans un Second Temps », improvisation libre de près de quinze minutes, claudique quelques instants avant l’emballement où les effluves du soprano d’Alexandra Grimal  rappellent Steve Lacy, avant une sérénité retrouvée et un nouvel envol du trio, rupture et feulements, sérénité et tumulte se succèdent, mais jamais ne donnent l’impression de jouer sur la corde raide, l’impression de maîtrise du moment domine et subjugue. « Puis » succède logiquement, bref et acéré. « Pour Finir » s’alanguit sur sept minutes avant le chaos organisé final. « Mais Encore » termine le concert comme il avait débuté : jeux de clés, souffle, langueur et profondeur des sons, magistralement masterisés pat Philippe Tessier du Cros. Fin de programme. Face au paysage d’hiver ensoleillé, je suis d’humeur à me repasser ces quarante-sept minutes étranges et captivantes à la fois.

Jean-Pierre Goffin