
Gustavo Cortinas : The Crisis Knows No Borders
Voilà un disque engagé dans toutes ses formes. La couverture, d’abord, superbe, une œuvre d’Alex J Lanza intitulée « Panorama Nacional », une vision du Honduras où inégalités économiques, humaines et raciales dominent, mais où l’artiste crée l’espoir. « The Crisis Knows No Borders » a été écrit et réalisé avant l’accession à la présidence de Trump, et constitue un virulent manifeste musical. C’est ainsi qu’il faut écouter ce projet engagé du batteur d’origine mexicaine et basé depuis de nombreuses années à Chicago, les textes ne manquant pas d’être éclairants sur l’engagement de l’artiste. Son line-up ne manque pas lui non plus de pertinence : Mark Feldman, violoniste fantasque et fantastique, prend à bras les cordes l’intro époustouflante de la première pièce « The Basic Economic Farsity ». A la guitare, Dave Miller lui emboîte le pas entraînant le chaos sonore qui se poursuit sur « The Growth Imperative » avec une improvisation libre fulgurante. Rares sont les disques dont le propos colle d’aussi près à un message d’urgence abordant selon les thèmes la hausse des océans (« Sea Levels Rising »), l’industrie fossile (« Oil and Water Don’t Mix ») ou le recyclage (« Wishcycle »), le batteur se réservant la conclusion avec un solo de batterie à la fois méditatif et fouillé dans ses polyrythmies : « A Drum solo for the end of times ». Un album dont l’intérêt vital ne repose pas que sur la musique, mais engendre une réflexion sur notre ère destructrice.