Helen Svoboda : The Odd River
Le disque débute très pittoresquement, prosaïquement même, avec l’enregistrement d’une pomme croquée à pleine bouche. Celle en l’occurrence d’Helen Svoboda. Il est immédiatement suivi par « Pick Me », un morceau d’une luminosité éclatante qui constitue le premier single ayant annoncé cet album. Très vite, l’auditeur se rend à l’évidence. Il est ici en présence d’un objet sonore difficilement identifiable. C’est la voix d’Helen Svoboda qui prédomine, règne, régit le reste. Elle se pose, se dépose sur des nappes d’harmonium que viennent orner des cuivres et ponctuer ci et là un piano préparé ou un piano jouet et des percussions et bien sûr la propre contrebasse d’Helen. On se trouve à la lisière d’une musique folk intime et intimiste, difficilement rattachable à un terroir ou un pays en particulier. Une démarche où les nuances, les tonalités vocales importent, s’emportent, transportent. Elles s’inspirent, s’imbriquent dans une nature qui voudrait à tout jamais demeurer pristine, mystérieuse, indomptée par l’homme. Originaire de Finlande, établie à Melbourne où elle poursuit un doctorat en composition, Svoboda signe l’entièreté de la dizaine des miniatures réunies ici. En moins d’une demi-heure à peine, elle réussit l’exploit de nous transporter, soniquement et visuellement, dans une contrée non répertoriée.