Hélène Labarrière : Puzzle

Hélène Labarrière : Puzzle

Jazzdor series / L’Autre Distribution

Il y a les « Four Women » de Nina Simone, voici les « cinq femmes » d’Hélène Labarrière. La contrebassiste a choisi de dédier son nouvel album à cinq figures féminines qui ont marqué des combats, des luttes émancipatrices : Thérèse Clerc engagée dans les années 70 pour le droit à l’avortement, Angela Davis, figure féministe aux Etats-Unis et sur la scène internationale, Emma Goldman soutien des artistes et de la classe ouvrière expulsée des USA vers l’Union Soviétique, Louise Michel militante pour les droits des femmes, et Jane Avril symbole de l’émancipation des femmes. Ces cinq « pièces » forment l’ossature de l’album « Puzzle », toutes composées par Hélène Labarrière, un musicien différent se joignant à la création de chaque titre en particulier : François Corneloup pour « Babayagas », Sylvain Kassap sur « Free Angela », Dominique Pifarely et « Vivre sa vie », Jacky Molard pour « Jane » et Marc Ducret « A travers la vie ». Tout un symbole déjà avant l’écoute que ce partage de propriété entre amis musiciens, frères et sœurs complices dans l’esprit et dans la chair créative d’une musique porteuse de messages dont le sens ne doit pas mettre dans l’ombre la qualité artistique. Car on a affaire ici à un grand disque de la contrebassiste, intense, profond, virtuose parfois, âpre souvent, mais sans jamais oublier le lyrisme et la poésie qui se dégagent des compositions. Autour de la solide assise propulsée par la contrebassiste et le batteur Simon Goubert, les souffles de Catherine Delaunay à la clarinette et de Robin Fincker au sax prennent part au jeu – ce qu’est le puzzle – mêlant de multiples sonorités jusqu’aux plus stridentes sur « Free Angela », le guitariste Stéphane Bartelt jouant au modérateur. Si le message est central dans ce nouvel album de combat d’Hélène Labarrière – le livret ne reprenant quasi que les éléments biographiques des cinq figures féminines – il ne doit pas nous écarter des qualités de compositions qui rendent indispensable et urgente l’écoute de « Puzzle ».

Jean-Pierre Goffin