Helga & Tanja : Klangkorpu
Deux femmes se réunissent. La première, Helga Myhr, est violoniste, la seconde, Tanja Orning, violoncelliste. Tanja est issue du classique, mais s’est imposée comme une des figures majeures de la musique contemporaine norvégienne. Helga a longtemps évolué au sein de la scène folk, mais a mis son instrument, le hardanger fiddle, variante norvégienne du violon, au service de nombreuses formations, qu’elles relèvent du folk, du jazz ou de la pop. A travers ce projet commun, ce n’est pas tant l’envie de coucher sur papier une composition écrite qui les motive, mais davantage le désir de confronter leurs instruments respectifs. De les faire résonner, respirer, bruiter. A un point tel qu’ils ne formeraient plus qu’un seul. Une sorte d’unisson instrumental. Un corps sonore (« Klangkorpus ») au sein duquel il est ardu de distinguer qui fait quoi. Les cordes de l’un/l’une se mêlent, s’entremêlent avec les cordes de l’autre. Avec pour résultat final cette étrange impression qu’éprouve l’auditeur de contempler une sculpture sonore qui tient à la fois du monde sonore et plastique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Helga et Tanja ont joué à la prestigieuse galerie Kunstnernes Hus d’Oslo durant l’exposition de l’artiste Mari Slaattelid, retardée à l’époque du fait de la pandémie. Inspirées par des motifs solaires et matérialisées par de fascinantes empreintes timbrées (« stemplearbeider »), ces œuvres font résonner les pièces alignées sur cet album dont la pochette en reproduit quelques motifs. Il nous semble vain de vouloir aligner des mots pour décrire ce qui s’opère ici tant l’expérience sensorielle dépasse de loin la simple écoute.