Hervé Gagnon : Crossroads ‐ La dernière chanson de Robert Johnson

Hervé Gagnon : Crossroads ‐ La dernière chanson de Robert Johnson

La saga Robert Johnson continue (1) avec une nouvelle fiction due à Hervé Gagnon, un auteur de thrillers historiques qui a signé plusieurs séries à succès comme les « Enquêtes de Joseph Laflamme », « La Mort du Temple », etc… Il est aussi grand amateur de blues et confesse une admiration sans bornes pour Robert Johnson et la légende qui l’entoure. Comme tous les fans du guitariste – et ils sont nombreux – il se demande si ce bluesman n’aurait pas écrit un dernier blues resté inédit et non enregistré suite à son décès prématuré et inattendu en 1938. C’est le point de départ de son roman qui intègre les révélations les plus récentes et publiées entre autres par Bruce Comforth et Gayle Dean Warlow dans « Up Jumped the Devil (The Real Life of R. Johnson) » – Omnibus Press , 2019 – et par Annye C. Anderson dans « Brother Robert-Growing up with R. Johnson » – Hachette Books, New York, 2020 (1). En particulier, il tient compte des causes réelles du décès du bluesman, un empoisonnement à la naphtaline ajoutée dans son whisky, ce qui était censé le rendre malade comme un chien (2) sans le tuer, mais ayant provoqué chez lui une hémorragie massive et mortelle suite à l’éclatement de ses ulcères à l’estomac.

Gagnon imagine l’histoire de deux chercheurs universitaires passionnés de blues soit un historien (Donald Kane) et une anthropologue (Virginia Craft), qui reçoivent une lettre de Simone Jackson, une vieille dame noire de Greenwood, MS qui leur offre de venir récupérer une petite boite métallique que R. Johnson aurait confiée à la garde de sa mère Ellie Mae Harney – une ex-maîtresse – peu avant sa mort et qu’elle était censée ne rendre qu’à une personne envoyée expressément par lui… Personne n’était venu et la boîte avait été confiée à la fille (3), qui, comme sa mère, ne l’ouvrit jamais et ignorait son contenu. Kane et Craft auront cet honneur, mais ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler les secrets de ce qu’ils trouvent et qui vont les entraîner dans un voyage initiatique pavé de dangers et de phénomènes inexplicables, le surnaturel n’étant jamais absent… Le Diable mène la danse et complique la tâche des chercheurs. Disons seulement que des feuillets écrits de la main de Johnson font penser à une mythique trentième chanson mais que le texte est ambigu, lacunaire et pose d’énormes questions ! Suite dans le livre qui est un vrai thriller haletant, avec des rebondissements et des péripéties à répétition qui tiennent en haleine… et surtout qui tiennent la route jusqu’au bout… Vade retro Satana !.

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(1) Voir « Robert Johnson » chroniqué sur JazzMania : « Robert Johnson : un géant du blues (1/2) »  (25 avril 21) et « Robert Johnson : au-delà du mythe (2/2) »  (2 mai 21) ;

(2) Procédé assez fréquent dans le Deep South avant la 2è Guerre mondiale pour donner une leçon dont on se souvient à ses ennemis et en l’occurrence aux séducteurs de femmes mariées ;

(3) Inutile de s’exciter : S. Jackson n’est PAS la fille de Johnson… dommage.

Hervé Gagnon
Crossroads ‐ La dernière chanson de Robert Johnson
Hugo Roman
531 pages
Illustrations
Paris 2021
ISBN : 9752755690026

Robert Sacre