Igor Gehenot Trio, Motion

Igor Gehenot Trio, Motion

Igor Gehenot Trio, Motion (Igloo)

Sorti en 2012, l’album “Road Stories” a reçu un accueil extrêmement enthousiaste. Conçu dans cette même veine mêlant, dans une subtile alchimie, ballades langoureuses et envolées rythmiques survoltées, gageons que “Motion” aura le même succès. A la batterie, on retrouve Teun Verbruggen, complice précieux pour sa précision et sa riche palette sonore. Par contre, Sam Gerstmans a désormais cédé sa place à Philippe Aerts avec sa contrebasse Martyn J. Bailey à l’extrême musicalité et à la sonorité limpide : un héritier naturel des contrebassistes virtuoses tels que Scott La Faro ou Marc Johnson. L’album démarre sur les chapeaux de roue avec Crush, une composition au tempo nerveux qui se termine sur un rythme tourbillonnant et réellement envoûtant. L’album se poursuit avec Santiago, l’une des plus belles ballades, avec Interlude, O Lac et Deep Inside, la sonorité du piano a quelque chose de cristallin et Philippe Aerts prend un superbe solo mélodique. Sur Prémices et Song For Eden, Teun verbruggen fait preuve de toute sa science des couleurs rythmiques : frémissements de coquillages et de grelots, cymbales effleurées tantôt par des mailloches, tantôt par des balais. Tout un art dans la nuance. Sur Jaws Dream et Bach Country, on retrouve un tempo plus nerveux, avec un basse très en avant, là où d’autres se contenteraient de souligner la pulsion rythmique. L’album se clôt sur la seule plage qui n’est pas une composition personnelle : In The Wee Small Hours Of The Morning, une chanson de 1955 qui a été interprétée par Franck Sinatra, Ella Fitzgerald, Johnny Hartman, Astrud Gilberto ou Jamie Cullum. Igor fait véritablement chanter son piano. Bref, un album parfaitement abouti, aussi par la grâce de l’empathie entre trois réels complices.

Claude Loxhay