Imarhan : Aboogi
City Slang / Konkurrent Records
Chez Imarhan, la fidélité n’est pas un vain mot. Le patronyme du groupe y fait d’ailleurs référence (traduisez du tamasheq « ceux qui s’aiment, se côtoient et sont sincères »). La fidélité encore lorsque l’on sait que le peuple touareg s’est ancré dans la même région, sur les mêmes terres arides depuis l’Antiquité… Ceux-ci proviennent plus précisément de Tamanrasset, une ville située tout au Sud de l’Algérie.
Le groupe Imarhan rend hommage aux piliers de la tradition touareg et redistribue à la communauté des musiciens locaux les dividendes obtenus de ses succès européens, notamment en construisant en ville un studio d’enregistrement dans lequel ils pourront enfin enregistrer leurs chansons dans de bonnes conditions.
Ce studio, ils l’ont baptisé « Aboogi », un nom qui fait référence à l’époque de la colonisation. C’est aussi ce nom qu’ils ont donné à ce troisième album, publié comme les deux précédents (« Imarhan » en 2016 et « Temet » deux ans plus tard) sur le label berlinois City Slang. S’ils s’inspirent du « grand frère » Tinariwen (Abdallah Ag Alhousseyni fait d’ailleurs partie des invités), leur musique s’en éloigne néanmoins sensiblement. La musique de Imarhan est d’abord essentiellement acoustique. Quand Kel Assouf fait hurler les guitares, quand TisDass reproduit à l’identique les recettes connues du « blues du désert », Imarhan ralentit le tempo et retourne, titre après titre à une beauté tranquille… Ce qui ne change rien au discours et n’enlève rien à son intérêt.
Imarhan en concert à Gand (De Centrale) le 18 mars et à l’Ancienne Belgique le 20 mars.