Inutili : A Love Supreme

Inutili : A Love Supreme

Aagoo Records

Encore un disque (vinyle et digital) influencé par le célèbre album de John Coltrane me direz-vous ! Il n’en est rien bien que des similitudes peuvent être notées. Ici cinq longues compositions instrumentales au lieu de quatre, l’album enregistré dans leur local de répétition, Coltrane ce fut en une journée, une déclaration libre et psychédélique à leur amour de la musique dans un saint respect et sans schémas prescrits pour ce groupe et le mysticisme, la quête du spirituel, de Dieu pour le saxophoniste. Voilà pour la mise en situation des aspects de leur créativité respective. Inutili est un groupe italien, de Teramo, dont ceci est le cinquième album. Sur une musique issue de guitares, basse, batterie, percussions, un peu de synthés et quelques voix perdues, le groupe acte dans sa manière de créer à la façon des groupes américains des sixties, époque psychédélique, qui se lançaient dans de longues jam sessions pendant lesquelles ils improvisaient majoritairement. Ici l’amour suprême qu’ils jouent est entièrement dévoué à cette liberté musicale via des sonorités obsédantes et répétitives qu’ils délivrent longuement. « Queen Crimson » (joli non ?) nous embarque dans un post-rock psyché obscure, tout en finesse et lenteur et qui pourrait parfois évoluer dans la sphère d’un « Astronomy Domine » de Pink Floyd. On plonge dans la caractéristique jam psyché avec « Walking On Your Lips » où écho sur la voix, son cru et délires sont au menu de ce titre très sixties de San Francisco. « DADADA » mixe le free jazz avec le rock noisy. L’écoute des deux autres plages me conforte dans les descriptions émises ci-dessus tant elles se rapprochent également du moule dans lequel Inutili évolue. Parfois éprouvant dans son écoute entière, je vous conseillerai donc d’aborder cet album en plusieurs étapes. Cinq, idéalement. Sauf si dans votre panade de bébé il y avait déjà un peu de « jam » session ! Vous n’êtes pas obligé de rire.

Claudy Jalet