
Isa*Belle + Paradise Now : Caressing the Clouds
« Le ciel est le lieu de départ et le temps est le voyageur qui ne revient jamais » écrit le poète chinois Li T’ai-po. Treize siècles plus tard, ces vers demeurent vivaces, ils pourraient accompagner la démarche de cet album qui doit autant au ciel qu’aux nuages qu’il prétend caresser. De prime abord, on serait tenté de voir « Caressing the Clouds » comme une ode aux nuages, thème d’inspiration récurrent dans l’histoire des arts s’il en est. Mais il peut s’aborder aussi comme un carnet de voyage rassemblant des fragments sonores, revenant sur des moments épiphaniques passés que le temps ne rapportera plus que par les souvenirs dont l’écho persiste à travers son écoulement. Une vidéo annonçant la sortie du disque découvre des stratocumulus qui peuplent le ciel surplombant l’aéroport de Tokyo filmés depuis le cockpit d’un avion. A son bord, Paradise Now et Isa*Belle. Le premier n’est autre que notre collègue Philippe Franck qui construit ici l’essentiel des trames sonores. La seconde est connue pour sa pratique des massages holistiques et ses jeux des bols asiatiques. L’été dernier, ils ont quitté Séoul pour rejoindre le Japon où leurs pas les ont menés e.a. à Kyoto. Autant d’étapes marquées par des rencontres avec d’autres musiciens et artistes. Auparavant, pendant plus de deux décennies, le duo s’est baladé du côté de Marchin, Huy, Saint-Ghislain, Lizières, Mons et à la Saline Royale d’Arc-et-Senans parmi d’autres lieux. Parfois, des invités complices se sont joints à leurs pérégrinations. Ainsi la vocaliste Maja Jantar, le saxophoniste Maurice Charles J.J. et le claviériste Christian Leroy. Ailleurs, d’audacieux manipulateurs de sons que sont Gauthier Keyaerts, Alain Wergifosse, A Limb, Christophe Bailleau et feu Stephan Dunkelman – à qui le disque est dédié – prennent le relais. Profondément onirique, ce disque aurait pu figurer, à une autre époque, dans la renommée collection Made To Measure du label Crammed Discs tant il semble avoir été taillé sur pièce pour une excursion sans destination assignée.