Ivo Perelman & Matthew Shipp String Trio : Armageddon Flower

Ivo Perelman & Matthew Shipp String Trio : Armageddon Flower

Tao Forms / Suburban

Forts d’une longue amitié et d’une complicité artistique éprouvée sur près d’une trentaine d’années, Ivo Perelman et Matthew Shipp ont souvent entendu matérialiser leurs rencontres, qu’elles soient live ou en studio. Il existe entre le saxophoniste ténor brésilien et le pianiste américain une véritable osmose. Ils peuvent s’enorgueillir d’une discographie abondante, à entrées multiples : pas moins de 46 albums à ce jour ! Nous nous en faisons l’écho dans nos pages de temps à autre. Rappelons que notre collaborateur Jean-Michel Van Schouwburg a très bien conté leurs différents enregistrements dans son petit livre « Embrace of the Souls » édité en 2021. Pour autant, la paire n’est pas un duo fixe ou fixé. Elle convie parfois, quand l’occasion s’y prête, un troisième, un quatrième complice à les rejoindre. C’est le cas sur ce nouvel album qui convoque le violiste Mat Maneri et le contrebassiste William Parker, lesquels jouent au sein du Matthew Shipp String Trio. Une telle combinaison, dépourvue de batteur, ne joue fatalement pas la carte de l’accessibilité. Il faut aller chercher la mesure ailleurs que dans une rythmique percussive. La pulsation n’est pas absente de leurs compositions, elle les imprègne, les guide à certains détours, les réoriente à d’autres. La plage d’ouverture, « Pillar of Light », qui s’étend sur plus d’un quart d’heure, donne un aperçu assez complet de ce que cette alliance temporaire est capable d’engendrer. C’est à la fois dense et fluide, complexe et limpide. Plus loin, la plage éponyme « Armageddon Flower » pousse les quatre musiciens à d’intenses manœuvres sur près d’une douzaine de minutes pour atteindre un plateau d’une quasi-plénitude. Un disque qui requerra cependant de l’auditeur plusieurs écoutes pour en saisir la pleine essence.

Eric Therer