Jaune Toujours : Vertigo

Jaune Toujours : Vertigo

Choux de Bruxelles

Plus la situation se dégradera dans le monde et en Belgique (et à Bruxelles en particulier), plus nous éprouverons le besoin d’écouter un groupe comme Jaune Toujours. Avec l’album « Vertigo », Piet Maris et ses copains nous reviennent au-devant de la scène avec un nouvel « état de l’union ». A la fois spirituel et tellement nécessaire. Il aura fallu patienter six années avant que Piet « sans peur » Maris reprenne la plume et rameute sa clique pour rester sur la brèche, mais le militantisme et l’engagement n’ont pas pris une ride. Les paroles de « Vertigo », truffées de réflexions sagaces, de références particulières et, malheureusement, de vérités tenaces, sont toutes exprimées dans un florilège linguistique et interprétées tantôt en français, tantôt en anglais ou en néerlandais, voire même en italien, en espagnol et en allemand. Comme de coutume, ils puisent leur inspiration musicale de sources variées et hétéroclites. C’est la bombe à fragmentation que tout le monde n’attendait pas, sauf les inconditionnels du combat de Jaune Toujours. Les mélodies joyeuses demeurent leur marque de fabrique mais, sur le plan du contenu, elles sont teintées d’un réalisme exacerbé pour les situations biaisées. Ils règlent leur compte aux clichés autour de questions urgentes, comme la crise climatique, la polarisation politique, le tsunami des déchets plastiques, sans oublier les malentendus au sujet des « Sans-papiers ». Nous retrouvons, à nouveau, des allusions subtiles dans des titres comme « Step On A Crack », « Un Der Ground » et « Tous Ici Pour Ne Pas Rester ». Les morceaux de ska bondissant et de reggae dub langoureux alternent avec du punk sec et revêche et des structures de jazz revisitées. Un passage de slogans scandés figure également sur l’album. On retrouve partout des arabesques inattendues, avec une instrumentation libre de deux trompettes ainsi qu’un accordéon accompagné d’une batterie, d’une basse, d’un saxophone, d’une clarinette et d’un trombone. Un véritable « aller-retour » entre Bruxelles et Kingston, avec une escale à la Nouvelle-Orléans. Les enregistrements et mixages ont été réalisés par Jules Fradet (Damso, Roméo Elvis, Baloji) tandis que Sarah Baur s’est chargée de la partie artistique. Cette fois-ci, elle s’est inspirée des fanzines de la période (post) punk, ce qui explique que tout a été coupé et collé de manière traditionnelle. Comme il se doit, la pochette du CD est un digipack en carton (avec livret de paroles) et la version vinyle a été publiée au moyen d’une version recyclée composée uniquement de matériaux récupérés.

Merci, Jaune Toujours, d’être à nouveau fidèles au rendez-vous pour remuer la fosse septique (politique) de notre société avec un message limpide. Merci, surtout, de respecter vous-mêmes ce message à travers l’ensemble des activités de Choux De Bruxelles.

En partenariat avec Jazz’Halo

Georges Tonla Briquet
Traduction libre : Alain Graff