JAV Contreband featuring David Linx : Let’s Play
Deux « David » sont mis ici à l’honneur : le chanteur belge et Bowie, pour lequel cet album constitue un « tribute ». Quant au J.A.V., trois lettres qui résonnent comme Jazz Action Valence, il s’agit d’un « contreband » fourni (un enchevêtrement d’une petite trentaine de cuivres, de cordes, de guitares, …) et dirigé par le contrebassiste / arrangeur grenoblois Pascal Berne. L’orchestre n’en est pas à son coup d’essai en ce qui concerne l’adaptation jazzy du répertoire d’un monstre sacré du grand cirque rock’n’roll… Par le passé, il s’était déjà attaqué au « Mur » de Pink Floyd et aux frasques de Queen (« Queen Project »). Place au « Thin White Duke » qui nous a quittés élégamment il y a un peu plus de cinq ans avec un album-testament « Blackstar » de toute beauté, dont on ne retrouve ici que le seul « Lazarus », en clôture. Bien évidemment, il y a les incontournables (« Heroes », « Life on Mars ? »), le triptyque berlinois (probablement la période la plus inspirée de Bowie – « Heroes », « Warszawa »), les tubes (« Let’s Dance », « Fame »). Puis, curieusement, Pascal Berne nous propose l’adaptation de trois titres du seul « The Next Day » (un album énigmatique de 2013 qui n’aura pas spécialement marqué l’histoire du chanteur…), dont le symbolique « Love Is Lost » pour lequel Bowie confronte son succès en début de carrière aux bides sentimentaux qu’il vivait à l’époque. Ce « Let’s Play » confère une dimension orchestrale quasi symphonique à la musique de Bowie. A en entendre le résultat, il est probable que les arrangements ont été conçus pour coller au mieux à la voix et au tempérament expressif de David Linx (toujours aussi impressionnant de justesse), qui a enregistré ses sessions en solitaire quelques semaines après le Contreband. Entre instants fragiles (« Heroes » re-sapé…) et swing triomphant (« Fame » fera lever les foules en fin de spectacle…), « Let’s Play » nous offre une relecture intelligente d’un répertoire qui ne manquait évidemment pas d’atouts !
Yves «JB» Tassin