Javier Rojo : Música Para Amansar Fieras
« Música Para Amansar Fieras » est le premier album du saxophoniste ténor espagnol Xavier Rojo, qui réside actuellement à Bâle, la ville où étudie le guitariste belge Eliott Knuets. Ce n’est pas un hasard s’il fait partie de ce sextet dans lequel on note également la présence du pianiste Noé Sécula, du trompettiste Álvaro Ocón, du bassiste Joan Codina et du batteur Genius Wesley. Ils débutent par « Black, White And Colour », effectivement marqué par une palette tonale très variée avec des ramifications vers le jazz classique pour une formation de six musiciens, y compris les solos, mais quand même avec une vibration moderne et nerveuse. La façon dont les deux cuivres forment une ligne de front tout en permettant au guitariste d’occuper sa place à l’avant est remarquable. « Late April » sonne comme une brève ode au « cool jazz » de la West Coast USA. Avec « Lonely Night », ils font à nouveau un bond dans le temps, créant un lien original entre swing, bop et son contemporain. Cette fois, Sécula, Rojo et Wesley peuvent attirer l’attention par des passages tournoyants. Dans « Riba », vient à nouveau le moment où le trompettiste Ocón accapare l’auditeur par son timbre velouté. La contribution du flûtiste Fernando Brox apporte une coloration supplémentaire, tandis que la section rythmique continue à garantir le groove de base.
« Clemirunas » est un hommage extrêmement fragile et intime aux grands-parents de Rojo. En contraste, « Coefusión Monstruosa » suit, où Knuets, Rojo et Sécula introduisent à tour de rôle des accélérations intenses. « Plátanos, Aquacates y Naranjas » est dans la même veine et explose hors des enceintes. Le son vintage est un atout supplémentaire. Pour la chanson titre, ils relâchent l’accélérateur pour à nouveau déraper grâce à « Yolanda ». Ils terminent par une « alternate take » de « Lonely Night », précédemment sorti.
Jordi Pujol, patron du label Fresh Sound New Talent, sait diablement bien à qui donner sa chance. Avec ce Javier Rojo et son sextet, c’est clairement un coup réussi.
En partenariat avec Jazz’Halo
Traduction libre : Luc Utluk
