Jawhar : Tasweerah
Au recto de la pochette, le portrait flou d’un homme mûr portant une barbe fournie, poivre et sel © Silvano Magnone. Celui de Jawhar, dont le titre de ce quatrième album, « Tasweerah », évoque en même temps l’image (le portrait) et les intentions (la projection de l’esprit). Dans la voix (même si on ne comprend pas ses mots chantés dans un langage arabe / tunisien), dans la simplicité (rien d’inutile dans les arrangements musicaux épurés), dans l’attitude (respectueuse), Jawhar dévoile son ressenti. Avec pudeur et justesse. Avec mélancolie aussi…
Les Inrocks le comparaient à Nick Drake (pour lequel Jawhar n’a jamais caché ses affinités) ? Oui, il y a un peu de cela, parfois (« C.Z. »). Mais avec « Tasweerah », on dépasse encore un peu plus les frontières de la musique folk pour aborder la profondeur des sentiments, ceux des valeurs artistiques. Il est vrai que le chanteur est né à bonne école : une maman professeure de littérature arabe, attirée par la musique et la poésie ; un papa qui s’est consacré au théâtre avant de se lancer dans une carrière politique.
Jawhar prend la pause face à nous, nous interroge… « Où en sommes-nous ? » Qu’importe, non ? La beauté du geste devrait se suffire à elle-même. On écoute sa voix douce, les mélodies tendres arrangées par un groupe soudé et compact (on retrouve ses trois musiciens au sein de la formation Yôkaï), et on oublie un moment, un moment seulement, de s’interroger.
Jawhar aux Nuits Botanique le samedi 30 avril (avec Ivan Tirtiaux).