Jochen Rueckert : With Best Intentions
Le batteur « tout terrain » Jochen Rueckert (entendu auprès de Kurt Rosenwinkel, Sam Yahel ou encore Fred Hersch, mais aussi dans des formations plus alternatives comme Wolff Parkinson White ou Wax Poetic en son temps) publie son sixième album personnel. Cette fois-ci, il a rassemblé autour de lui ses vieux complices avec qui il a joué individuellement, ici et là. Au trombone, on retrouve Nils Wogram, à la contrebasse, le solide Doug Weiss et au ténor le fidèle et rassurant Mark Turner. A ceux-ci, il a ajouté le toujours étonnant Joris Roelofs (bass clarinet). Pas d’instrument harmonique ici, ce qui permet au quintette de développer une musique assez ouverte et de laisser pas mal de place à l’improvisation contrôlée. La beauté caressante d’un Turner se marie très bien à la fougue de Wogram et l’entente rythmique entre Weiss et Rueckert est idéale. On ne peut s’empêcher de faire, de temps à autres, un parallèle avec le « Prime Directive » de Dave Holland (ce qui est plutôt une belle référence). Le résultat respire le relâchement, la communication naturelle, le plaisir de partager des thèmes qui ne se prennent pas trop la tête. Le titre de l’album résume d’ailleurs à lui seul l’esprit du groupe (« With Best Intentions »). On joue les espaces et les reliefs en s’aventurant parfois « hors lignes » – dans le chef de Roelofs sur « Muetze Glatze » par exemple – et on échange énormément : façon swing sur le nerveux « Mark of the Beast » ou l’entrainant « Rainbow Road », et de façon plus introvertie sur « Double Sensotron » ou « Catholic Mahogany ». Un album aussi dense que roboratif, comme quoi, les bonnes intentions sont parfois bien récompensées.